Actua­li­tés

Les acti­vi­tés péda­go­giques des MOOC opti­mi­sées dans les SPOC

Les acti­vi­tés péda­go­giques des MOOC et des SPOC sont un succès, car elles permettent aux parti­ci­pants d’être actifs dans une forma­tion en ligne.

Par Pierre Monclos – Le 13 septembre 2016

Les acti­vi­tés péda­go­giques dans les MOOC ont connu un réel succès, car elles permet­traient (enfin) aux parti­ci­pants d’être actifs et de colla­bo­rer dans une forma­tion en ligne. Dans les SPOC, on utilise aussi ces acti­vi­tés, et on en profite pour les rendre encore plus pratiques et opéra­tion­nelles. Expli­ca­tions et exemples concrets. 


La dimen­sion ouverte et colla­bo­ra­tive des MOOC a fait évoluer la manière dont on apprend aujour­d’hui à distance. Tout n’est pas nouveau car l’e-lear­ning tradi­tion­nel et la FOAD (forma­tion ouverte et à distance) propo­saient déjà un certain nombre d’ac­ti­vi­tés péda­go­giques que l’on retrouve dans les MOOC. Cepen­dant le contexte du MOOC (massif, gratuit, ouvert, colla­bo­ra­tif, inter­ac­tif) a permis d’al­ler beau­coup plus loin et d’inno­ver sur le plan de la péda­go­gie. Par exemple, l’éva­lua­tion par les pairs a connu son heure de gloire avec l’ap­pa­ri­tion des MOOC.

Et l’in­té­rêt du SPOC, c’est que l’on peut reprendre les acti­vi­tés péda­go­giques des MOOC et les adap­ter à un groupe réduit de parti­ci­pants pour les rendre encore plus effi­caces.

Vous remarque­rez que les acti­vi­tés péda­go­giques des MOOC sont souvent pensées de telle sorte que chaque parti­ci­pant soit actif, une condi­tion impor­tante pour l’en­ga­ge­ment et la moti­va­tion de chacun, mais aussi et surtout parce que c’est une moda­lité d’ap­pren­tis­sage très effi­cace, souvent oubliée dans l’e-lear­ning tradi­tion­nel. On parle de péda­go­gie active ou de “lear­ning by doing”.

Ce que résume d’ailleurs très bien Henry Ford dans la phrase suivante : “The way to learn to do things is to do things”.

Nous évoque­rons dans cet article les quiz, l’éva­lua­tion par les pairs et les visio­con­fé­rences.


Quiz et activités pédagogiques des MOOC.


Les quiz : une acti­vité clas­sique repen­sée dans les SPOC

Tradi­tion­nel­le­ment dans les MOOC, un quiz ponc­tue chaque semaine pour vali­der ses connais­sances, et permettre d’ob­te­nir des points qui comp­te­ront pour l’ob­ten­tion d’une attes­ta­tion ou d’un certi­fi­cat de réus­site. Le quiz, s’il est bien construit, permet au parti­ci­pant d’iden­ti­fier en toute auto­no­mie s’il a un niveau de connais­sances suffi­sant au vu du module qu’il vient de termi­ner. La correc­tion auto­ma­tique de ces quiz donne parfois des éléments d’ex­pli­ca­tion en fonc­tion de la réponse choi­sie, pour que le parti­ci­pant comprenne par exemple pourquoi il s’est trompé.

Ainsi, les parti­ci­pants les plus moti­vés pour­ront retour­ner dans le module qu’ils viennent de réali­ser, consul­ter à nouveau certaines ressources ou refaire des exer­cices.


Le quiz opti­misé dans les SPOC

Au sein d’un SPOC, le quiz garde les avan­tages présen­tés ci-dessus mais nous sortons du “quiz-sanc­tion”. En effet, passer un quiz et avoir une “mauvaise note” n’ap­porte pas grand chose au parti­ci­pant sur un plan péda­go­gique, et il faudra qu’il soit parti­cu­liè­re­ment motivé (et non décou­ragé) pour retour­ner comprendre les sujets sur lesquels il s’est “trompé”.

Le quiz d’un SPOC est donc pensé diffé­rem­ment, il y a systé­ma­tique­ment plusieurs tenta­tives auto­ri­sées. En fonc­tion de son résul­tat à la première tenta­tive, le parti­ci­pant peut :

  • choi­sir de conti­nuer sa forma­tion
  • refaire le quiz en tenant compte des expli­ca­tions appa­rues sous ses erreurs
  • retour­ner consul­ter quelques ressources, souvent préco­ni­sées auto­ma­tique­ment en fonc­tion des réponses choi­sies

Ainsi, le quiz, tout en restant une acti­vité simple de vali­da­tion et d’évalua­tion de ses connais­sances, devient en même temps une acti­vité qui permet au parti­ci­pant de véri­ta­ble­ment progres­ser. En bonus, une touche d’hu­mour au sein des réponses propo­sées redonne une légère dimen­sion humaine au quiz et aide à atté­nuer la dimen­sion “scolaire” de l’ac­ti­vité.


L'évaluation par les pairs dans les MOOC


L’éva­lua­tion par les pairs : une nouvelle utili­sa­tion dans les SPOC

La consé­cra­tion de l’éva­lua­tion par les pairs dans les MOOC

La dimen­sion massive des MOOC a néces­sité l’in­tro­duc­tion d’une moda­lité d’éva­lua­tion assez peu utili­sée jusqu’alors : l’éva­lua­tion par les pairs. En effet si les quiz, ou exer­cices avec un niveau cogni­tif modéré (niveau 1 à 2 sur la pyra­mide de bloom) peuvent être corri­gés auto­ma­tique­ment sur les plate­formes de MOOC, ce n’est pas le cas des acti­vi­tés péda­go­giques d’un niveau cogni­tif supé­rieur (niveau 3 à 6 sur la pyra­mide de Bloom). À partir du moment où ces acti­vi­tés doivent être corri­gées par des personnes physiques, il devient impos­sible d’éva­luer les milliers de travaux des parti­ci­pants d’un MOOC. L’éva­lua­tion par les pairs a alors été une solu­tion parfai­te­ment adap­tée aux MOOC.

Son prin­cipe est simple : un parti­ci­pant réalise une acti­vité, envoie son travail sur la plate­forme de forma­tion (sous format texte ou en uploa­dant un fichier), et reçoit aléa­toi­re­ment le travail de 4 autres parti­ci­pants ayant fait cette même acti­vité. Aidé par un barème, il corrige alors ces acti­vi­tés pendant que la sienne est corri­gée par 4 parti­ci­pants. Sa note sera alors la moyenne des 4 notes attri­bués à son travail.

Les évalua­tion douteuses (exemple : une note très éloi­gnée des 3 autres par exemple) sont détec­tées auto­ma­tique­ment, afin qu’un humain puisse inter­ve­nir. Et en cas de problème le parti­ci­pant peut deman­der à ce que son travail soit à nouveau évalué.

Les études déjà menées aux Etats-Unis dans le secteur acadé­mique ont prouvé que les notes données étaient les mêmes, voir légè­re­ment plus sévères, que celles qui auraient été données par des profes­seurs.  Selon une étude de 2015 du profes­seur Rémi Bache­let de Centrale Lille sur les évalua­tions par les pairs dans le MOOC Gestion de Projet soute­nue par Unow, on sait égale­ment qu’une évalua­tion par un seul pair est suffi­sante pour obte­nir un retour de qualité sur un travail rendu, mais que le résul­tat est encore plus fin et précis à partir de deux correc­teurs.

Si vous voulez en savoir plus sur l’éva­lua­tion par les pairs, nous vous invi­tons à lire cet article donnant le point de vue d’un expert, et cet article donnant le point de vue d’un parti­ci­pant.


L’éva­lua­tion par les pairs dans les SPOC au service de la montée en compé­tence du parti­ci­pant

Dans le SPOC, la taille réduite du groupe pour­rait permettre au forma­teur de corri­ger toutes les acti­vi­tés de type exer­cices ou cas pratiques. Pour­tant, nous utili­sons quand même l’éva­lua­tion par les pairs, car elle présente un inté­rêt péda­go­gique impor­tant iden­ti­fié grâce aux MOOC. En effet c’est un outil qui permet bien plus que sa fina­lité première d’éva­lua­tion.

Soit le parti­ci­pant qui corrige a déjà bien compris l’ac­ti­vité, et corri­ger le travail d’un autre va lui permettre de conso­li­der ses acquis, d’au­tant plus lorsqu’il refor­mule avec ses propres mots ce qu’il a compris pour expliquer à un autre appre­nant comment réus­sir l’ac­ti­vité (lear­ning by teaching)

Soit le parti­ci­pant qui corrige a encore une marge de progres­sion et il pourra apprendre :

  • des indi­ca­tions présentes dans le barème proposé pour corri­ger ses pairs
  • grâce aux réponses présentes dans le travail de ses pairs
  • lorsqu’il rece­vra son travail corrigé, grâce aux commen­taires des correc­teurs, dont la formu­la­tion sera souvent diffé­rente de celle du forma­teur, ce qui enri­chit les expli­ca­tions appor­tées à l’ap­pre­nant
  • en inter­pel­lant ses “correc­teurs” pour leur deman­der plus d’ex­pli­ca­tions
  • en solli­ci­tant le forma­teur s’il reste un point qu’il n’a pas compris

Et cela n’est possible que si le groupe de parti­ci­pants est réduit (“Small”), d’où l’in­té­rêt du SPOC.

Cela va d’ailleurs à l’en­contre d’une idée reçue que l’on entend parfois, selon laquelle il faudrait énor­mé­ment de parti­ci­pants pour que ce système fonc­tionne. Dans un SPOC, à la date limite de rendu de l’ac­ti­vité, les travaux à corri­ger sont auto­ma­tique­ment répar­tis à chacun, sur la base de tous ceux qui ont réalisé l’ac­ti­vité. Et le forma­teur est dispo­nible pour accom­pa­gner chaque parti­ci­pant qui n’au­rait pas réussi l’ac­ti­vité ou qui aurait des ques­tions.

Cette acti­vité péda­go­gique peut cepen­dant présen­ter un incon­vé­nient selon le projet de forma­tion : cela demande du temps pour chaque parti­ci­pant, car il faut en comprendre le fonc­tion­ne­ment, corri­ger le travail des autres puis lire les correc­tions reçues. Dans certaines forma­tion, il sera alors perti­nent de rendre cette acti­vité facul­ta­tive, pour qu’elle ne serve qu’à ceux qui en ont besoin ou qui veulent aller plus loin.


Activités pédagogiques des MOOC par visioconférence


De la visio­con­fé­rence à la classe virtuelle dans les SPOC

La majo­rité des parti­ci­pants à nos MOOC s’ac­cordent à dire que les visio­con­fé­rences, seuls moments synchrones (ou en direct) de la forma­tion, sont des temps forts de la forma­tion : on fait le point sur les sujets impor­tants et sur l’avan­ce­ment de la forma­tion, le forma­teur répond aux ques­tions les plus fréquentes, on sent qu’on fait partie d’une commu­nauté d’ap­pre­nants, on vit une expé­rience en temps réel. La dimen­sion humaine des visio­con­fé­rences est alors très forte.

Néan­moins, l’in­con­vé­nient d’une visio­con­fé­rence est qu’elle est descen­dante, du/des forma­teur(s) vers les parti­ci­pants. Certes ceux-ci font remon­ter des ques­tions via le forum ou le chat, mais l’in­ter­ac­tion s’ar­rête là.

Dans le SPOC, la taille réduite du groupe permet de trans­for­mer ces visio­con­fé­rences en véri­tables classes virtuelles, bien plus hori­zon­tales et donc perti­nentes dans un dispo­si­tif de forma­tion :

les parti­ci­pants peuvent prendre la parole pour inter­pel­ler le forma­teur, poser des ques­tions ou faire part de leur retour d’ex­pé­rience

chaque parti­ci­pant peut suivre les échanges des autres parti­ci­pants, et lui-même échan­ger avec ses pairs

L’im­pli­ca­tion des parti­ci­pants se voit renfor­cée, tout comme  le partage de bonnes pratiques. En leur donnant la parole, on permet d’axer la classe virtuelle sur les véri­tables préoc­cu­pa­tions des appre­nants. En voici quelques exemples :

  • “Comment trans­po­ser effi­ca­ce­ment sur le terrain ce que j’ai appris en forma­tion ?”
  • “J’ai essayé en situa­tion profes­sion­nelle d’ap­pliquer la méthode préco­ni­sée en forma­tion, mais j’ai rencon­tré des diffi­cul­tés impré­vues !”
  • “Dans mon secteur d’ac­ti­vité ou dans mon entre­prise, une contrainte spéci­fique m’em­pêche d’ap­pliquer tel quel l’ou­til que j’ai construit en forma­tion, comment l’adap­ter effi­ca­ce­ment ?”

Cas d’étude : SPOC Prépa­rer et conduire le nouvel entre­tien profes­sion­nel (dispo­nible sur la plate­forme Unow)

Ce SPOC est une forma­tion pour savoir gérer ses campagnes d’en­tre­tiens profes­sion­nels : défi­ni­tions, enjeux, prépa­ra­tion, anima­tion, arti­cu­la­tion avec les dispo­si­tifs RH…

Les classes virtuelles de ce SPOC mélangent des mana­gers et des fonc­tions RH, chacun ayant à mener des entre­tiens profes­sion­nels dans leur entre­prise. Voici les sujets d’échanges obser­vés lors de la première session de cette forma­tion :

  • comment faire quand on fait face à une situa­tion diffi­cile pendant l’en­tre­tien ? (colla­bo­ra­teur mécon­tent dans son travail, débat hors sujet par rapport aux objec­tifs de l’en­tre­tien…)
  • lorsque l’en­tre­tien annuel se fait en même temps (certaines entre­prises étaient concer­nées), comment gérer l’ar­ti­cu­la­tion entre les 2 entre­tiens diffé­rents ?
  • en tant que RH, comment sensi­bi­li­ser les mana­gers sur l’im­por­tance de l’en­tre­tien ?
  • quelle posture adop­ter face à des reven­di­ca­tions sala­riales, inadap­tées dans cet entre­tien ?

Par la suite, une classe virtuelle a été dédiée à la simu­la­tion d’en­tre­tiens, sur la base d’un profil type de colla­bo­ra­teur fourni en amont aux parti­ci­pants. La forma­trice jouait le rôle du colla­bo­ra­teur et les parti­ci­pants  guidaient l’en­tre­tien avec des ques­tions/réponses, par micro/webcam ou par chat.

Grâce à la struc­ture tempo­relle du SPOC (quelques heures par semaines pendant plusieurs semaines), les parti­ci­pants restent à leur poste de travail et peuvent direc­te­ment mettre en pratique ce qu’ils ont appris, ce qui est impos­sible dans le cadre de forma­tions présen­tielles de plusieurs jour­nées consé­cu­tives. 

 

Pour un utili­sa­tion opti­male de la classe virtuelle, nous préco­ni­sons égale­ment de prévoir une ou plusieurs classes virtuelles supplé­men­taires plusieurs semaines après la fin de la forma­tion, notam­ment dans le cadre des SPOC intra-entre­prise.


Main­te­nant que vous avez une vision plus précise de la manière dont les acti­vi­tés péda­go­giques des MOOC sont adap­tées et opti­mi­sées au sein des SPOC, vous avez en partie fait connais­sance avec une dimen­sion péda­go­gique qui fait partie de l’ADN des SPOC : on n’ap­prend pas unique­ment avec le forma­teur, on apprend aussi des autres parti­ci­pants. C’est ce qu’on appelle le social-lear­ning (ce sujet sera traité dans un autre article).

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