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Pourquoi recou­rir au CPF co-construit dans votre stra­té­gie RH ?

Le CPF co-construit monte en puis­sance depuis 2020. Pensé pour aider les colla­bo­ra­teurs dans l’ac­cès à la forma­tion, c’est un outil stra­té­gique puis­sant.

Par Pierre Monclos, DRH et Expert en digi­tal lear­ning – Le 30 mars 2021

Le CPF co-construit monte en puis­sance depuis fin 2020. Pensé comme un moyen d’ai­der les colla­bo­ra­teurs dans l’ac­cès à la forma­tion, c’est en réalité un outil stra­té­gique RH puis­sant. Quelle est son utilité ? Et de quoi parle-t-on ? 

Le CPF : de quoi parle-t-on ?

Qu’est-ce que le CPF ?

Le CPF (Compte Person­nel de Forma­tion) est un dispo­si­tif qui s’ins­crit dans le cadre de la réforme « Loi Avenir » sur la forma­tion profes­sion­nelle de 2018. Le but de cette réforme est de permettre à chaque colla­bo­ra­teur d’être acteur de son évolu­tion profes­sion­nelle et d’ac­cé­der à la forma­tion pour acqué­rir et/ou déve­lop­per des compé­tences. 

À qui s’adresse-t-il ?

Toute personne âgée de 16 ans et plus en âge de travailler est titu­laire d’un compte person­nel de forma­tion. Qu’il soit sala­rié, indé­pen­dant, deman­deur d’em­ploi, le titu­laire a la possi­bi­lité d’uti­li­ser son crédit CPF pour suivre une forma­tion réper­to­riée dans l’ap­pli­ca­tion CPF. Depuis 2019, on parle de crédits CPF en euros et non plus en heures.

Quelles forma­tions ? 

Le dispo­si­tif ouvre la possi­bi­lité à chaque actif de suivre un panel varié de forma­tions (Art. L. 6323–6 et suivants du Code du travail) et à tous les niveaux : des forma­tions courtes aux forma­tions longues, des compé­tences tech­niques aux soft skills (savoir-être).  

Comment ça marche ? 

Le colla­bo­ra­teur peut utili­ser son crédit d’eu­ros CPF de trois façons diffé­rentes :

  • 1ère façon : le CPF auto­nome

Dans ce cas de figure, le colla­bo­ra­teur se connecte à l’ap­pli­ca­tion CPF (https://www.moncomp­te­for­ma­tion.gouv.fr/). Il choi­sit la forma­tion qu’il souhaite suivre et dépense ses crédits pour ache­ter sa forma­tion. Dans l’hy­po­thèse où ses crédits ne permettent pas de prendre en charge la tota­lité du coût péda­go­gique de la forma­tion (hors frais de dépla­ce­ment, etc), il peut complé­ter le reste à payer avec sa carte bleue. 

Le colla­bo­ra­teur peut-il s’ab­sen­ter pendant son temps de travail pour suivre une forma­tion ?

En l’ab­sence d’ac­cord d’en­tre­prise plus favo­rable ou d’au­to­ri­sa­tion de son employeur, si un colla­bo­ra­teur souhaite mobi­li­ser son CPF pour suivre une forma­tion qui tombe pendant ses horaires de travail, il doit deman­der une auto­ri­sa­tion d’ab­sence à son employeur avant la forma­tion (60 jours calen­daires avant la forma­tion si la durée de l’ac­tion de forma­tion est infé­rieure à 6 mois, sinon 120 jours). 

L’em­ployeur doit alors lui répondre dans un délai de 30 jours calen­daires à récep­tion de la demande. L’ab­sence de réponse vaudra accep­ta­tion (Décret n° 2018–1336 du 28 décembre 2018 rela­tif aux condi­tions de mobi­li­sa­tion du compte person­nel de forma­tion par le sala­rié).

  • 2ème façon : le CPF co-construit, avec abon­de­ment en “temps” de l’en­tre­prise

Pour des forma­tions finan­cées par le sala­rié via son CPF, l’en­tre­prise peut auto­ri­ser le suivi de tout ou partie de la forma­tion sur le temps de travail. Ce qui permet au sala­rié de garder un main­tien de son salaire, sans avoir à poser un congé.

  • 3ème façon (cumu­lable avec la 2ème) : le CPF co-construit, avec un abon­de­ment finan­cier de l’en­tre­prise

Vous avez la possi­bi­lité en tant qu’en­tre­prise de prendre à votre charge une partie des frais péda­go­giques de la forma­tion.

Soit en passant direc­te­ment par l’or­ga­nisme de forma­tion, qui reti­rera l’abon­de­ment du prix de la forma­tion sur l’ap­pli­ca­tion CPF et vous factu­rera cette somme.

Soit en passant par EDEF, le portail relié à net-entre­prises qui vous permet de verser, via un vire­ment bancaire, une “dota­tion volon­taire” : vous versez la somme de votre choix direc­te­ment sur le compte CPF d’un sala­rié qui peut ensuite l’uti­li­ser comme il le souhaite, ou sur une forma­tion iden­ti­fiée en cas d’ac­cord avec vous.

Conçu pour simpli­fier les démarches d’abon­de­ment, le CPF co-construit donne aux respon­sables forma­tions et RH un rôle central dans la forma­tion et la montée en compé­tences des colla­bo­ra­teurs. 

Un accord d’en­tre­prise est-il indis­pen­sable ?

Si ces stra­té­gies CPF ne néces­sitent pas de signer un accord d’en­tre­prise, c’est possible depuis septembre 2020 et cela présente des inté­rêts. En effet les entre­prises et les parte­naires sociaux ont la possi­bi­lité de conclure un accord de branche ou un accord d’en­tre­prise ayant pour but d’abor­der les points suivants :

  • Abon­de­ments en temps de travail et abon­de­ments finan­ciers

  • Iden­ti­fi­ca­tion des forma­tions et moda­li­tés pratiques

  • Popu­la­tions concer­nés

  • Commu­ni­ca­tion et dispo­si­tif d’ac­com­pa­gne­ment prévu par l’en­tre­prise

Le but de ces accords : symbo­li­ser l’im­por­tance de la poli­tique de CPF co-construit et démon­trer son aspect gagnant-gagnant en impliquant les repré­sen­tants du person­nel dans la démarche.

Le CPF co-construit : les retours d’ex­pé­rience

Certaines branches profes­sion­nelles et entre­prises se sont déjà lancées dans cette démarche. 

Retour d’ex­pé­rience chez Unow

C’est d’ailleurs notre cas chez Unow où nous avons conclu un accord d’en­tre­prise ayant pour but de soute­nir nos colla­bo­ra­teurs dans le déve­lop­pe­ment de leurs compé­tences et dans leurs projets profes­sion­nels. En effet, nos sala­riés ont la possi­bi­lité de suivre une forma­tion finan­cée avec leur CPF et béné­fi­cient alors de :

  • jusqu’à 14 heures peuvent être suivies sur le temps de travail

  • Unow abonde à hauteur de 240€ TTC

Retour d’ex­pé­rience chez Schnei­der Elec­tric

Parmi les entre­prises pion­nières, on rele­vera dans un article du jour­nal Le Monde la démarche de Schnei­der Elec­tric France. Nadège Riehl, direc­trice du déve­lop­pe­ment des talents de Schnei­der Elec­tric France, y voit « une oppor­tu­nité pour déve­lop­per une culture dyna­mique de l’ap­pren­tis­sage. L’en­tre­prise se doit d’être inci­ta­tive pour donner envie aux sala­riés d’uti­li­ser leur CPF. » Elle ajoute que « Les entre­prises ont tout inté­rêt à s’en empa­rer », et précise que Schnei­der Elec­tric, qui cofi­nance depuis 2019 des forma­tions

longues et diplô­mantes, est en phase de réflexion pour co-inves­tir dans des forma­tions courtes.

Retour d’ex­pé­rience chez Festo

Chez Festo (entre­prise d’au­to­ma­tismes indus­triels qui compte 160 sala­riés en France), 20 CPF ont été abon­dés en 2020. « La prise en charge est de 20 % TTC du coût de la forma­tion avec un plafond de 360 euros », explique au jour­nal Le Monde Hervé Brunet, respon­sable forma­tion et inno­va­tion de la société. Il ajoute que « Trou­ver les forma­tions dans l’ap­pli­ca­tion est compliqué. On se perd vite ! L’er­go­no­mie est à revoir ». D’où l’in­té­rêt de présé­lec­tion­ner des forma­tions pour aider ses sala­riés à se lancer dans l’ap­pli CPF.

Retour d’ex­pé­rience chez AXA France

AXA France a aussi déployé une stra­té­gie de CPF co-construit dès 2020 et recom­mande de :

  • Commu­niquer régu­liè­re­ment, et trou­ver le bon balan­cier entre forma­tions poin­tues et géné­riques

  • Permettre à chaque sala­rié de choi­sir libre­ment sa forma­tion et de la réali­ser sur son temps de travail

  • Prévoir des campagnes excep­tion­nelles d’abon­de­ments supplé­men­taires

  • Penser cela comme une offre attrac­tive, riche, diverse et complé­men­taire au plan de déve­lop­pe­ment de compé­tences

Au niveau de l’en­tre­prise, les respon­sables forma­tion et RH doivent en pratique réflé­chir à une stra­té­gie de commu­ni­ca­tion sur le dispo­si­tif (en quoi est-il utile ? Comment ? Pour quelles forma­tions ?). Et construire un parcours d’ac­com­pa­gne­ment des colla­bo­ra­teurs dans le déve­lop­pe­ment des compé­tences et l’uti­li­sa­tion de leur CPF.

Les orga­nismes de forma­tion ont aussi un rôle à jouer pour aider les entre­prises à construire leur stra­té­gies CPF.

Le CPF co-construit, quelle utilité pour les entre­prises ? 

Au regard du Code du travail, l’em­ployeur a l’obli­ga­tion d’adap­ter les colla­bo­ra­teurs à leur poste de travail (Article L6321–1 du Code du travail). À ce titre, il doit donner les moyens aux sala­riés d’ac­qué­rir ou de déve­lop­per les compé­tences néces­saires pour occu­per ses fonc­tions au regard notam­ment de l’évo­lu­tion des emplois, des tech­no­lo­gies et des orga­ni­sa­tions. 

Le CPF co-construit s’ins­crit dans cette lignée et va encore plus loin. C’est une démarche profonde d’ac­com­pa­gne­ment des colla­bo­ra­teurs dans leurs évolu­tions et projets profes­sion­nels qui se veut utile à l’en­tre­prise pour plusieurs raisons.

Répondre aux nouveaux besoins en compé­tences

Le monde du travail et de l’em­ploi évolue à une vitesse folle. L’une des consé­quences est que les compé­tences et connais­sances deviennent vite obso­lètes. Et encore plus dans certains secteurs d’ac­ti­vité frap­pés par l’au­to­ma­ti­sa­tion ou la robo­ti­sa­tion. 

Occu­per le même poste pendant plus de 5 ou 10 ans ne sera plus la norme, mais l’ex­cep­tion. Les actifs seront amenés à chan­ger de fonc­tion, de poste voire de métier au cours de leur carrière. Les services RH doivent prendre la mesure des choses en anti­ci­pant les besoins en compé­tences à venir des entre­prises. 

Cet état des lieux des besoins en compé­tences permet­tra ainsi d’iden­ti­fier et de propo­ser des forma­tions co-finan­cées via le CPF en adéqua­tion avec les attentes de l’en­tre­prise. 

Mise en garde

Les entre­prises ont l’obli­ga­tion d’éta­blir un plan de forma­tion et déve­lop­pe­ment des compé­tences qui est diffé­rent du dispo­si­tif CPF co-construit. Vous devez donc être vigi­lants quant au choix du dispo­si­tif le plus adéquat. Les deux poli­tiques doivent être complé­men­taires pour bien fonc­tion­ner. Pour en savoir plus, notre équipe se tient à votre dispo­si­tion pour répondre à vos ques­tions. 

Des opti­mi­sa­tions budgé­taires

Autre inté­rêt, en passant par le dispo­si­tif du CPF co-construit, vous pouvez réali­ser des écono­mies budgé­taires. Au-delà de la valeur créée par ces forma­tions qui s’ajoutent à celles prévues par le plan de déve­lop­pe­ment des compé­tences, le CPF est un budget à la dispo­si­tion de vos sala­riés qui peut venir cofi­nan­cer des actions qui servent autant l’in­té­rêt du sala­rié que de l’en­tre­prise.

Impul­ser une démarche de forma­tion via le CPF est alors gagnant-gagnant. A condi­tion de ne rien impo­ser à vos sala­riés, qui restent libres d’uti­li­ser le CPF comme ils le souhaitent.

Le CPF co-construit, quelle utilité pour les colla­bo­ra­teurs ? 

Appor­ter du sens à leur carrière et répondre au besoin de réali­sa­tion profes­sion­nelle

Les compé­tences et les métiers évoluent vite, et et toutes les réponses ne doivent pas venir du plan de forma­tion de l’en­tre­prise. Sinon cela sert surtout l’in­té­rêt de l’en­tre­prise. Mobi­li­ser son CPF permet aux sala­riés de faire des choix pour leurs évolu­tions profes­sion­nelles. Et quand l’en­tre­prise les aident (abon­de­ment en temps et en cofi­nan­ce­ment), elle les aident aussi direc­te­ment à travailler sur leur avenir profes­sion­nel.

De plus, en les accom­pa­gnant ainsi dans le déve­lop­pe­ment de leurs compé­tences et de leurs projets profes­sion­nels, vous leur permet­tez de se réali­ser profes­sion­nel­le­ment et de s’im­pliquer dans la gestion et l’évo­lu­tion de leur carrière.

Déve­lop­per des soft skills et mettre en pratique en situa­tion de travail

Si les compé­tences tech­niques sont de plus en plus vite obso­lètes, les sala­riés ont tout inté­rêt à déve­lop­per des savoir-être, des soft skills pour anti­ci­per les chan­ge­ments d’en­vi­ron­ne­ment, d’in­ter­lo­cu­teurs et de profes­sions. Commu­ni­ca­tion, intel­li­gence émotion­nelle, capa­cité d’ap­prendre à apprendre, sens de la créa­ti­vité sont autant de compé­tences compor­te­men­tales et humaines à avoir dans sa poche. Et elles sont présentes sur l’ap­pli­ca­tion CPF.

Si les colla­bo­ra­teurs voient dans le CPF l’op­por­tu­nité de se former sur un nouveau métier ou de nouvelles compé­tences tech­niques, le rôle des respon­sables forma­tion est aussi de les sensi­bi­li­ser sur la possi­bi­lité et la néces­sité de se former sur les soft skills les plus recher­chées par les entre­prises. 

Suivre ces forma­tions dans le cadre d’une poli­tique de CPF co-construite permet­tra de plus aux sala­riés de tester et de mettre en pratique leur nouvelles compé­tences direc­te­ment dans leur situa­tion profes­sion­nelle. Un facteur d’ef­fi­ca­cité pour déve­lop­per de manière plus effi­cace et durable ces compé­tences humaines.

Vous l’au­rez compris, le CPF co-construit peut deve­nir un allié stra­té­gique de votre poli­tique RH. Plus qu’un simple dispo­si­tif d’abon­de­ment, il doit être pensé et construit comme un outil de déve­lop­pe­ment des compé­tences et rendre vos colla­bo­ra­teurs acteurs de leur avenir profes­sion­nel, mais aussi de celui de votre entre­prise.  


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