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Quelles sont les carac­té­ris­tiques d’une inno­va­tion de rupture ?

Connais­sez-vous les carac­té­ris­tiques d’une inno­va­tion de rupture ? Tentons de comprendre cette notion à partir d’exemples pratiques.

Par Philippe Silber­zahn – Le 20 avril 2017

Connais­sez-vous les carac­té­ris­tiques d’une inno­va­tion de rupture ? Pour mieux comprendre, il faut déjà s’in­té­res­ser au phéno­mène de la rupture en tant que tel. Tentons de défi­nir cette notion à partir d’exemples concrets.



Extrait de la vidéo de forma­tion MOOC Inno­va­tion de Rupture


Appro­fon­dis­sons la ques­tion de la rupture en discu­tant deux aspects fonda­men­taux. Premiè­re­ment, une rupture est une notion rela­tive à l’ac­teur. Deuxiè­me­ment, une rupture est un proces­sus, pas un événe­ment.


La rupture est une notion rela­tive à l’ac­teur

Ce qu’on veut dire par là, c’est que ce qui est une rupture pour un acteur peut consti­tuer une conti­nuité pour un autre acteur. Regar­dons le cas de la presse. Google est un acteur du Web. Faire un site d’in­for­ma­tion en ligne, c’est simple­ment ajou­ter quelques pages d’in­for­ma­tion sur l’ac­tua­lité à son site actuel. Cela peut ne pas être simple tech­nique­ment et léga­le­ment, par exemple il faut trou­ver des sources d’in­for­ma­tion et gérer la propriété intel­lec­tuelle, mais cela se fait en conti­nuité avec ce que fait déjà Google.

En revanche, pour un acteur tradi­tion­nel, par exemple un quoti­dien, lancer un site d’in­for­ma­tion en ligne est beau­coup plus compliqué. D’abord parce qu’In­ter­net repré­sente une culture tota­le­ment diffé­rente du monde clas­sique de la presse. Ensuite parce que mettre les infor­ma­tions en ligne va entrer en conflit avec le modèle histo­rique du jour­nal. Pourquoi ache­ter le jour­nal papier si tout peut être lu en ligne ? C’est de ce conflit que naît la diffi­culté de gérer une rupture pour la presse tradi­tion­nelle. 

De même, la musique en ligne repré­sen­tait une rupture pour Sony, qui était éditeur de musique, alors que c’était rela­ti­ve­ment continu pour Apple car cela n’en­trait en conflit avec aucune de ses acti­vi­tés. Au contraire, la vente de musique en ligne renforçait son acti­vité de lecteurs MP3.

Une rupture n’est donc pas une notion abso­lue, mais rela­tive. La rupture va, pour certains modèles d’af­faires, repré­sen­ter une oppor­tu­nité de déve­lop­pe­ment, et pour d’autres, une source de blocage.


La rupture est un proces­sus, pas un événe­ment

Rappe­lez-vous notre défi­ni­tion de la rupture : « Inter­rup­tion qui affecte bruta­le­ment dans sa conti­nuité la perma­nence d’un phéno­mène »

Le terme bruta­le­ment est un peu ambigu parce qu’il peut lais­ser penser que la rupture est quelque chose qui survient d’un coup, prenant tous les acteurs par surprise. C’est d’ailleurs une antienne : de nos jours tout va plus vite.

En fait c’est fauxUne rupture n’est pas un événe­ment, comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, mais un proces­sus, qui se déve­loppe parfois sur de nombreuses années.

Prenez l’auto­mo­bile. Quand a-t-elle été inven­tée ? En 1765. À partir de quand y a-t-il eu un début de marché ? Seule­ment à partir de 1880. Plus d’un siècle après ! Le marché auto­mo­bile de masse appa­raît lui en 1908 avec la Ford T. 150 ans après l’in­ven­tion !

Idem avec Inter­net : inven­tion ? 1960. Premier email : 1969Premiers sites Web ? 1992. Trente ans après. Inter­net a commencé à repré­sen­ter une rupture trente ans après son inven­tion, et ces effets se font sentir depuis plus de vingt ans main­te­nant.

Ce n’est pas un phéno­mène qui se véri­fie unique­ment avec la tech­no­lo­gie : le low-cost aérien a par exemple été inventé en 1975 avec SWA (South­west Airlines). Et encore aujour­d’hui, soit 35 ans après, les compa­gnies aériennes clas­siques ont toujours du mal à réagir à cette rupture.

Il faut donc distin­guer la source de la rupture de ses effets écono­miques. Il peut se passer très long­temps avant que les effets d’une rupture ne se fassent sentir. Et ces effets peuvent conti­nuer à se faire sentir très long­temps après : on voit par exemple que la presse est encore dans une phase de réac­tion face à la rupture que consti­tue Inter­net.


Ce qu’il faut rete­nir

Pour conclure : nous retien­drons donc deux choses :

  1. La rupture est une notion rela­tive ; ce qui est une rupture pour un acteur n’en est pas forcé­ment une pour un autre acteur ;
  2. Une rupture est un proces­sus qui s’étale sur une longue période et donc les effets ne sont pas forcé­ment immé­diats. 

Cela implique donc de rester constam­ment au fait des évolu­tions du marché sur lequel nous exerçons, en veillant régu­liè­re­ment l’ar­ri­vée de nouveaux acteurs et l’ac­ti­vité des diffé­rentes parties prenantes.

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