Le coin des experts

“Il n’y a que des bonnes raisons d’ap­prendre à coder”

Alors que les métiers sont de plus en plus impac­tés par le digi­tal, de plus en plus de profes­sion­nels s’in­ter­rogent : devons-nous tous apprendre le code ?

Par Pierre Monclos – Le 12 juillet 2017


Alors que les métiers sont de plus en plus impac­tés par le digi­tal, de plus en plus de profes­sion­nels s’in­ter­rogent : devons-nous tous apprendre le code ? Mais si oui, comment, quel niveau faut-il atteindre, quel langage apprendre ? Youmna Ovazza, forma­trice de Vis ma vie de déve­lop­peur, était Chief digi­tal offi­cer avant de lancer des ateliers de forma­tion au code pour les adoles­cents, puis pour les adultes. Inter­view.


Pouvez-vous nous expliquer en quoi consistent Teen-Code et Execu­tive-Code, que vous avez fondés ?


J’ai commencé par monter une société desti­née à initier les ados à la program­ma­tion : Teen-Code, à travers des stages et des ateliers. L’axe prin­ci­pal était celui du déve­lop­pe­ment d’ap­pli­ca­tions mobiles. J’ai ensuite décliné le concept pour les adultes, avec Execu­tive Code, je me suis appuyée pour cela sur mon expé­rience de Chief digi­tal offi­cer. Je m’adresse aux entre­prises qui souhaitent initier leurs colla­bo­ra­teurs à travers des ateliers très concrets. L’objec­tif est de démys­ti­fier et surtout de faire, pour mieux comprendre. 


Comment ensei­gnez-vous la program­ma­tion dans ces ateliers ? 



Je me suis moi-même d’abord formée pour décou­vrir la program­ma­tion, sans jamais avoir pour objec­tif de deve­nir déve­lop­peuse et je me suis aperçue que ce genre de parcours n’exis­tait pas : les cursus que j’ai suivis étaient tous très tech­niques. Dans mes ateliers je ne m’adresse pas à des déve­lop­peurs et on ne devient pas déve­lop­peur en suivant l’un de mes ateliers. L’idée est de décou­vrir ce métier de façon ludique et simple. J’es­saie de faire en sorte que l’exer­cice soit intel­lec­tuel­le­ment inté­res­sant, en faisant des ponts avec les diffé­rents métiers. 


Pour quelle raison un colla­bo­ra­teur en entre­prise peut-il apprendre à déve­lop­per ? 



Il n’y a que des bonnes raisons d’ap­prendre le code ! D’abord au niveau profes­sion­nel, de plus en plus de métiers sont en contact direct avec des profils tech­niques : ils travaillent sur le déve­lop­pe­ment d’ap­pli­ca­tions ou de nouveaux sites… Il est très utile pour eux d’avoir un mini­mum de culture et de comprendre comment travaillent les équipes tech­niques pour amélio­rer sa gestion de projet. Cela donne surtout une assise plus solide dans sa vie profes­sion­nelle : par exemple, je travaille régu­liè­re­ment avec des jeunes tout juste arri­vés en entre­prise. Ils utilisent en perma­nence des outils digi­taux, mais ne savent pas du tout comment ça marche : résul­tat, tout reste assez virtuel et ils se font parfois de fausses idées. Car les plus jeunes ne sont pas toujours parfai­te­ment au fait de tous ces outils. 


Et au niveau person­nel : qu’a-t-on à gagner à apprendre le code ?



Cela permet de déve­lop­per de nouvelles compé­tences. Cela peut rendre plus créa­tif, donner de nouvelles idées, tout simple­ment parce qu’on apprend à penser autre­ment. Je me souviens d’un respon­sable commer­cial en maga­sin qui avait suivi l’un de mes ateliers : il avait des tas d’idées mais il s’auto-censu­rait car il pensait que tout était trop compliqué à réali­ser. Il était confronté à des demandes de clients et avait des idées pour leur répondre, nous avons vu ensemble qu’il était capable de faire des choses seul et cela lui a donné confiance. 


Et on imagine que ce type de forma­tion est égale­ment très utile pour les déve­lop­peurs… 



Oui, l’in­té­rêt est de permettre à tout le monde de se comprendre, de parler le même langage et de mieux comprendre les contraintes des uns et des autres. Par exemple, avant d’avoir testé, on ne se rend pas compte que les déve­lop­peurs passent le plus clair de leur temps à débug­ger ou qu’une petite modi­fi­ca­tion risque de leur prendre une demi-jour­née… Résul­tat, la fois suivante, le brief que l’on fera sera plus clair ! Le but n’est pas de savoir mieux négo­cier les devis, mais d’avoir une rela­tion plus quali­ta­tive. 


Par quoi commence-t-on, si on veut se lancer ? 



On démarre géné­ra­le­ment en appre­nant le code Html et Css, qui sont des langages de struc­tu­ra­tion qui permettent de faire de la mise en page. Grâce à ces langages, on peut faire des choses très simples. Mais cela demande du travail ! La courbe d’ap­pren­tis­sage est assez lente. Il faut avant tout se fixer un objec­tif au départ et comprendre où on souhaite mettre le curseur. La program­ma­tion visuelle (comme App Inven­tor que nous utili­sons pour créer des applis mobiles, par exemple) peut être un bon départ égale­ment, car elle permet, tout simple­ment, de comprendre la logique du déve­lop­pe­ment. 


Les entre­prises devraient-elles former leurs colla­bo­ra­teurs au déve­lop­pe­ment ? 



Cela dépend de la stra­té­gie d’en­tre­prise : certaines voudront former seule­ment leurs colla­bo­ra­teurs qui sont en contact direct avec des équipes tech­niques, d’autres souhai­te­ront aller plus loin, à l’image de Gene­ral Elec­trics, dont le PDG Jeff Immelt a annoncé vouloir former tous ses nouveaux sala­riés au déve­lop­pe­ment. D’une manière géné­rale, c’est une tendance de fond et les Etats-Unis sont en avance : les écoles de commerce mettent toutes progres­si­ve­ment en place ce type d’ini­tia­tions, car elles constatent que cela peut faire la diffé­rence pour de futurs candi­dats. Côté recru­teurs, cela donne égale­ment une indi­ca­tion : cela révèle une person­na­lité débrouillarde et auto­nome.



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