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Basics #7 La théo­rie du construc­ti­visme et du socio-construc­ti­visme

Dans la série des Basics des Sciences de l’édu­ca­tion de Unow, inté­res­sons-nous aux théo­ries de l’ap­pren­tis­sage, au construc­ti­visme et socio-construc­ti­visme

Par Laura Hélie et Eléo­nore Vrillon – Le 5 février 2021

Résumé

  1. Le construc­ti­visme est une théo­rie de l’ap­pren­tis­sage centrée sur l’in­di­vidu. L’ap­pre­nant n’ab­sorbe pas le savoir mais se l’ap­pro­prie en le mettant en pers­pec­tive avec son vécu et ses repré­sen­ta­tions, il “construit” son savoir.
  2. Le socio-construc­ti­visme est une exten­sion de cette théo­rie, elle y ajoute l’im­por­tance des liens sociaux dans la “construc­tion” des savoirs.
  3. Les forma­tions répon­dant à ces concep­tions visent à faire du lien avec l’en­vi­ron­ne­ment réel de l’ap­pre­nant : cas pratiques, simu­la­tions. Elles mobi­lisent aussi la péda­go­gie de la décou­verte avec un forma­teur-média­teur.
  4. On retrouve ce modèle d’ap­pren­tis­sage chez Unow via le format SPOC auto­no­mi­sant et centré sur l’en­vi­ron­ne­ment de l’ap­pre­nant, ainsi que dans les acti­vi­tés péda­go­giques et l’en­cou­ra­ge­ment de l’ap­pren­tis­sage en groupe.

Printemps de la Formation 2023

Qu’est ce que c’est ?

Le construc­ti­visme

Le construc­ti­visme est une théo­rie d’ap­pren­tis­sage centrée sur l’ap­pre­nant. Appa­rue rela­ti­ve­ment à la même période que le cogni­ti­visme, elle vient elle aussi offrir une alter­na­tive à la théo­rie initiale du beha­vio­risme. Contrai­re­ment au modèle beha­vio­riste, le construc­ti­visme consi­dère que l’ap­pre­nant acquiert des connais­sances en partant des percep­tions qu’il a de sa réalité et de son vécu : on apprend en construi­sant des connais­sances, et en recons­trui­sant nos percep­tions pour les adap­ter aux contextes qui nous sont propres.

➪  Les trois prin­cipes construc­ti­vistes selon Deschênes et al (1996):
1) Les connais­sances sont construites
2) L’ap­pre­nant est au centre du proces­sus
3) Le contexte joue un rôle déter­mi­nant

Le socio-construc­ti­visme

Le socio-construc­ti­visme est un modèle qui vient complé­ter plusieurs années plus tard la théo­rie du construc­ti­visme. Il en reprend les prin­ci­pales idées tout en souli­gnant l’im­por­tance du rôle social des appren­tis­sages. Les connais­sances sont acquises à l’aide d’un contexte où les inter­ac­tions appre­nant-forma­teur et appre­nant-appre­nant sont riches (Doise & Mugny, 1981).

Comment ça marche ?

Assi­mi­la­tion et accom­mo­da­tion des repré­sen­ta­tions

Selon Piaget (1975), l’ac­ti­vité de construc­tion des savoirs passe par 2 proces­sus cogni­tifs : l’as­si­mi­la­tion et l’ac­com­mo­da­tion, qu’il distingue ainsi :

L’as­si­mi­la­tion, c’est quand l’in­di­vidu intègre des éléments externes nouveaux dans ses repré­sen­ta­tions exis­tantes

L’ac­com­mo­da­tion, c’est quand l’in­di­vidu s’adapte pour gérer des éléments nouveaux qu’il ne parvient pas à assi­mi­ler

Les appre­nants vont donc construire du savoir à partir des déséqui­libres engen­drés par les éléments exté­rieurs de leur envi­ron­ne­ment, et des stra­té­gies qu’ils mobi­lisent pour appré­hen­der ces éléments nouveaux.

Figure du socio-construc­ti­visme, Vygotski (voir Ivic, 1994) va plus loin en décri­vant ces proces­sus de rééqui­li­brage comme issus de “média­tions”: des rapports sociaux passant notam­ment par le langage et la culture. Il souligne qu’on ne peut connaître “que ce que l’on peut dire”, le proces­sus d’ap­pren­tis­sage est donc centré sur la commu­ni­ca­tion (Faure et al.).

La zone proxi­male de déve­lop­pe­ment (ZPD)

Appuyant le rôle clé de la commu­ni­ca­tion dans la concep­tion socio-construc­ti­viste de l’ap­pren­tis­sage, Vygotski l’as­so­cie avec le concept de la zone proxi­male de déve­lop­pe­ment, ou ZPD. Cette zone repré­sente le poten­tiel d’ap­pren­tis­sage que l’ap­pre­nant peut atteindre grâce à un tiers (pair, forma­teur, coach, média­teur…). Elle a voca­tion à s’étendre tout au long de la vie au fur et à mesure des acquis de l’in­di­vidu.

Selon le modèle socio-construc­ti­viste, les appren­tis­sages sont acquis dans la ZPD, où les tâches à effec­tuer pour l’ap­pre­nant ne sont ni trop simples (il pour­rait les faire seul), ni trop complexes (il ne pour­rait pas le faire même en étant accom­pa­gné). C’est ce juste milieu que les forma­tions socio-construc­ti­vistes doivent cher­cher à culti­ver, en favo­ri­sant les échanges avec l’ap­pre­nant, ainsi que l’ap­pren­tis­sage en groupe favo­ri­sant le débat et les erreurs, qui sont ici consi­dé­rées comme des points d’ap­pui pour la construc­tion de connais­sances nouvelles (Chekour et al., 2015).

Concrè­te­ment, ça donne quoi ?

Un appren­tis­sage selon le modèle construc­ti­viste donne une grande auto­no­mie à l’ap­pre­nant, en lui permet­tant de s’auto-régu­ler et d’avoir la main­mise sur ses stra­té­gies d’ap­pren­tis­sage. Le contenu des forma­tions visera à faci­le­ment mettre en lien l’en­vi­ron­ne­ment de l’ap­pre­nant et les savoirs / expé­riences nouvelles que la forma­tion propose. L’ap­pre­nant est placé dans des situa­tions actives où il devra gérer les infor­ma­tions qu’il reçoit, en les assi­mi­lant ou les accom­mo­dant.

Les prin­ci­pales méthodes péda­go­giques asso­ciées à ce modèle sont par exemple le travail colla­bo­ra­tif, la péda­go­gie de la décou­verte, le retour d’ex­pé­rience person­nelle, ou encore l’éva­lua­tion par les pairs. Le forma­teur devra indi­vi­dua­li­ser son suivi, et prendre chaque appre­nant à son niveau de repré­sen­ta­tion, “là où il est”, puisque tout appren­tis­sage doit partir de leurs acquis (Doolit­tle, 1999).

Le forma­teur construc­ti­viste, et parti­cu­liè­re­ment socio-construc­ti­viste, se posi­tionne en média­teur de la commu­nauté appre­nante. Son rôle n’est pas de trans­mettre, mais de rendre acces­sible le savoir; il privi­lé­giera les récom­penses intrin­sèques (l’ap­pre­nant est fier d’avoir trouvé la réponse) que les récom­penses extrin­sèques de type beha­vio­ristes (féli­ci­ta­tions, renfor­ce­ments posi­tifs, bonne note…) (Bour­dat, 2012).

Où le retrouve-t-on chez Unow ?

Dans le format SPOC

Les forma­tions construc­ti­vistes cherchent à favo­ri­ser l’au­to­no­mie des appre­nants en leur permet­tant de gérer leur rythme d’ap­pren­tis­sage (Chekour et al, 2015). C’est le cas dans les MOOC et SPOC de Unow, pour lesquels les appre­nants ont accès à tous les modules sur la plate­forme dès l’ou­ver­ture de la forma­tion, ce qui permet à chacun d’avan­cer à son rythme.

En plus de propo­ser un format auto­no­mi­sant, la forma­tion à distance a la parti­cu­la­rité de permettre aux appre­nants de suivre leur forma­tion sur leur lieu de travail, soit dans l’en­vi­ron­ne­ment immé­diat où leurs nouvelles connais­sances sont vouées à être exploi­tées.

Cette vision va s’op­po­ser au format présen­tiel où l’ap­pre­nant va être placé dans un envi­ron­ne­ment scolaire, diffé­rent de son contexte habi­tuel. Selon la vision construc­ti­viste, cette mise en situa­tion ne faci­li­tera pas la contex­tua­li­sa­tion et le trans­fert des connais­sances, alors qu’être dans un envi­ron­ne­ment fami­lier lui permet­trait de véri­fier, confir­mer, confron­ter ou ajus­ter les connais­sances qu’il construit (Deschênes et al., 1996).

Dans la péda­go­gie

Unow mobi­lise plusieurs méthodes péda­go­giques qui renvoient au modèle construc­ti­viste, notam­ment en encou­ra­geant l’ap­pren­tis­sage en groupe et l’appren­tis­sage par la pratique.

On le voit égale­ment dans les acti­vi­tés et cas fil rouge, qui sont construits selon des situa­tions que les appre­nants sont suscep­tibles de rencon­trer, et les poussent à donner du sens aux appren­tis­sages. Un exemple ici dans la forma­tion “Forma­tion de Forma­teurs” :

De manière géné­rale, les acti­vi­tés de type étude de cas et simu­la­tion peuvent être asso­ciées à une péda­go­gie de la décou­verte, et permettent aux indi­vi­dus d’ap­prendre “par induc­tion” (Bour­dat, 2012).

La péda­go­gie construc­ti­viste cherche égale­ment à accom­pa­gner l’ap­pre­nant pour que celui-ci voit au-delà des savoirs qui lui sont présen­tés. Avec la possi­bi­lité d’étendre son appren­tis­sage en mobi­li­sant des ressources bonus, l’ap­pre­nant est invité à s’ap­pro­prier les savoirs et à aller plus loin en cher­chant de nouvelles ressources dans son envi­ron­ne­ment.

Comment on pour­rait aller plus loin ?

En mettant en pers­pec­tive nos pratiques en forma­tion avec les théo­ries de l’ap­pren­tis­sage, on iden­ti­fie qu’une stra­té­gie peut corres­pondre à une certaine concep­tion de la péda­go­gie, et par exten­sion, de la forma­tion.

C’est à nous d’orien­ter nos choix en fonc­tion de la concep­tion que nous avons de l’ap­pren­tis­sage; bien entendu, ces théo­ries ne sont pas exclu­sives et coha­bitent entre elles au sein des forma­tions.

Sources et +

BOUR­DAT, M. (2012), “Etes-vous un forma­teur « construc­ti­viste » ?” [En ligne], Forma­tion-profes­sion­nelle.fr. Dispo­nible ici

CHEKOUR, M., LAAFOU, M., & JANATI-IDRISSI, R. (2015), “L’évo­lu­tion des théo­ries de l’ap­pren­tis­sage à l’ère du numé­rique”, EpiNet, n° 171. Dispo­nible ici 

DESCHENES, A.-J., BILO­DEAU, H., BOUR­DAGES, L., DIONNE, M., GAGNE, P., LEBEL, C., RADA-DONATH, A. (1996), “Construc­ti­visme et forma­tion à distance” DistanceS, vol. 1, n°1, prin­temps 1996, pp. 9 à 21

DOISE, W. & MUGNY, G. (1981). Le déve­lop­pe­ment social de l’in­tel­li­gence, (Vol. 1). Paris : Inter­Edi­tions.

DOOLIT­TLE, P. E., (1999). Construc­ti­vism and online educa­tion. Virgi­nia : Poly­tech­nic Insti­tute & State Univer­sity.

FAURE, P., GEOF­FRAY, F., NYGREN, A., “Théo­ries de l’ap­pren­tis­sage : beha­vio­risme, cogni­ti­visme, socio-construc­ti­visme” [En ligne], Siet­Ma­na­ge­ment.fr. Dispo­nible ici

IVIC, I. (1994), “LEV S. VYGOTSKY (1896 – 1934)”, Revue trimes­trielle d’édu­ca­tion compa­rée, vol. 24, n° 3/4.

MORRI­SON, D. (2013), “How Course Design Puts the Focus on Lear­ning Not Teaching”, [En ligne] Online Lear­ning Insights. Dispo­nible ici

PIAGET, J. (1975). L’équi­li­bra­tion des struc­tures cogni­tives. Paris, PUF.

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