Le coin des experts

La data : une donnée à manier avec précau­tion

Comment gérer la masse de données colec­tées depuis l’avè­ne­ment du big data ? Quelle éthique et quels prin­cipes d’uti­li­sa­tion choi­sir ?

Par Laura Lizé – Le 18 avril 2017

Le big data et le trai­te­ment des données suscitent de nombreuses d’in­ter­ro­ga­tions. La collecte d’in­for­ma­tions person­nelles à grande échelle pose des ques­tions éthiques qu’il semble impor­tant de poser sur la table.


Le trai­te­ment de la donnée se perfec­tionne de jour en jour. Et aujour­d’hui, un certain nombre de ques­tions émergent avec une préoc­cu­pa­tion centrale : mais jusqu’où peut-on aller avec le big Data.. ?


Moder­nité vs éthique

A chaque décou­verte scien­ti­fique majeure, on se repose la même ques­tion : où se situe la barrière entre moder­nité et éthique ?

A l’ins­tar des progrès scien­ti­fiques en géné­tique, ceux concer­nant la data inquiètent. Les outils d’ana­lyse prédic­tive ont par exemple l’avan­tage de pouvoir anti­ci­per des besoins pour pouvoir y répondre au plus vite. Néan­moins, ils posent égale­ment les soucis de l’aléa­toire et de la déci­sion au cas par cas.

A titre d’exemple, voilà main­te­nant quelques années qu’a été déve­loppé un outil dédié à prédic­tion crimi­nelle. Lancé aux Etats-Unis, ce programme infor­ma­tique est capable d’an­ti­ci­per les crimes, le lieu et la date de certains futurs crimes. Comment ? Grâce à la récolte de toutes les données crimi­nelles d’un secteur déter­miné sur les cinq dernières années. Le croi­se­ment de toutes ces infor­ma­tions permet alors d’aver­tir qu’un crime a 80% de chance de se produire dans cette rue là, en fin d’après midi.

Le but est allé­chant : réduire la crimi­na­lité, opti­mi­ser le travail des forces de police et donc réduire les coûts inhé­rents à la préven­tion du crime. Si vous avez vu le film Mino­rity Report, les enjeux liés à ce programme devraient vous sauter aux yeux.

Des programmes sont égale­ment déve­lop­pés pour anti­ci­per l’is­sue possible à un procès. Mais quelle est l’in­fluence de ces résul­tats sur la véri­table prise de déci­sion ? Ne sommes nous pas là en train de remettre un juge­ment entre les mains d’une machine ?


Le cas de l’as­su­rance

Autre domaine où l’ana­lyse prédic­tive s’est large­ment démo­cra­ti­sée: l’as­su­rance. Avec le big data, les compa­gnies d’as­su­rance sont capables de propo­ser des formules de plus en plus person­na­li­sées grâce à des objets connec­tés qui récoltent vos données dans votre quoti­dien. 

Néan­moins, le problème de l’ac­cès à ces données est qu’à terme les assu­rances pour­raient refu­ser de couvrir des personnes dites à risque, selon les algo­rithmes. Les contrats pour­raient inclure l’exi­gence d’un compor­te­ment opti­mal  pour pouvoir être indem­nisé. Imagi­nez que l’on refuse de vous rembour­ser un trai­te­ment car votre brace­let connecté indique que vous n’avez pas fait assez de sport ce mois-ci ?

Il est impor­tant que ce type d’uti­li­sa­tion de la data soit plus enca­dré pour ne pas deve­nir prison­nier de nos propres données. 


Propriété et protec­tion des données collec­tées

L’autre soucis soulevé par le big data, est celui de la propriété des données collec­tées. La loi infor­ma­tique confère un droit impres­crip­tible à la modi­fi­ca­tion de ses données sur les diffé­rents sites que sur lesquels on les a donné.

Néan­moins, nous n’avons pas la main sur les traces que nous lais­sons en surfant sur le web et qui permettent d’ef­fec­tuer des profi­lage précis de la personne. 

Aussi, donner ses infor­ma­tions est une chose mais encore faut-il qu’elles soient stockées dans une base sécu­ri­sée car vous imagi­nez faci­le­ment les problé­ma­tiques que pour­raient soule­ver le vol d’un fichier conte­nant toutes les coor­don­nées bancaires des clients d’Ama­zon par exemple.

D’ailleurs cela me rappelle une affaire qui a été forte­ment média­ti­sée: celle d’Ash­ley Madi­son. Ce site de rencontres extra-conju­gale a vu les données de ses 32 millions d’uti­li­sa­teurs dévoi­lées sur le net. Oups !


Ce qu’il faut rete­nir 

Vous l’avez compris, l’ef­fer­ves­cence autour du Big data a envahi la planète. Néan­moins, comme tout progrès scien­ti­fique, il est impor­tant de manier ces nouvelles tech­no­lo­gies avec précau­tion.

Des enjeux éthiques impor­tants se cachent derrière la tech­no­lo­gie big data. Dans cette défer­lante, le plus impor­tant est de ne pas perdre son libre arbitre et d’évi­ter les abus liés à une utili­sa­tion de données à notre insu.

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