Le coin des experts

Le public des MOOC et les moti­va­tions des appre­nants

Aujour­d’hui, nous vous propo­sons de décou­vrir quel est le public des MOOC et quelles sont les moti­va­tions des appre­nants à suivre des cours en ligne.

Par Matthieu Cisel – Le 9 novembre 2016

Pour connaître la véri­table valeur ajou­tée des MOOC, il faut d’abord connaître le profil de ses utili­sa­teurs. Quel est aujour­d’hui le public des MOOC et quelles sont les moti­va­tions des appre­nants ? Voici la ques­tion à laquelle nous tente­rons de répondre dans cette nouvelle vidéo.


Extrait de la vidéo de forma­tion : Digi­tal RH

Des forma­tions en ligne payantes, cela existe depuis long­temps. Des cours en ligne gratuits, sur Youtube par exemple, cela aussi existe depuis long­temps. La véri­table valeur ajou­tée des MOOC, c’est d’avoir combiné gratuité et carac­tère struc­turé de la forma­tion. Dans quelle mesure est-ce que leur appa­ri­tion impacte l’uni­vers de la forma­tion digi­tale ?

Diffi­cile à dire sans connaître le public de la forma­tion. Je vous propose donc dans cette vidéo, de discu­ter briè­ve­ment de quelques-unes des données dont on dispose sur la ques­tion, à partir de quelques exemples tirés de MOOC repré­sen­ta­tifs.


Public des MOOC : une majo­rité de sala­riés

Même s’il est évident que chaque forma­tion attire un public parti­cu­lier, on remarque un certain nombre de constantes. Tout d’abord, même quand les cours sont réali­sés par des univer­si­taires, les étudiants sont large­ment mino­ri­taires. La majo­rité des inscrits sont enga­gés dans la vie profes­sion­nelle.

Sur ce graphique, on voit par exemple que près de 70% des inscrits sont employés à plein temps, les étudiants sont rela­ti­ve­ment mino­ri­taires : envi­ron 5%, pas plus. Si on va un peu plus loin et qu’on creuse la ques­tion des caté­go­ries socio-profes­sion­nelles, on constate que la plupart sont des cadres et profes­sions intel­lec­tuelles, et qu’ils ont un Master en poche.

Ce sont donc pour la plupart des sala­riés qui se forment sur leur temps libre, sans véri­table lien avec la poli­tique de forma­tion de leur entre­prise. Sur ce graphique, on voit par exemple que près de 9 personnes sur 10 se sont inscrites au MOOC de leur propre initia­tive et près des 3/4 comptent suivre le cours sur leur temps libre.

Le public des MOOC est composé en majorité de salariés.


Une inscrip­tion moti­vée par des raisons profes­sion­nelles

Cela ne veut en revanche pas dire que la démarche n’est pas en lien avec leur travail. A part pour quelques MOOC très parti­cu­liers, qui s’ap­pa­rentent plus à de la vulga­ri­sa­tion scien­ti­fique par exemple, les appre­nants viennent en majo­rité pour des raisons profes­sion­nelles.

Et la plupart de ceux qui s’ins­crivent pour des raisons profes­sion­nelles ne viennent pas ni dans une logique de recon­ver­sion profes­sion­nelle ni pour obte­nir une promo­tion, mais pour monter en compé­tences ou en connais­sances sur l’em­ploi qu’ils occupent déjà. Si un certain nombre débutent complè­te­ment sur le sujet abordé, la plupart dispose de quelques notions, voire d’une bonne connais­sance du domaine.

Ce serait mentir de dire qu’ils ne sont pas inté­res­sés par le certi­fi­cat de réus­site. Rares sont ceux qui disent n’être pas inté­res­sés par ce certi­fi­cat; la plupart le sont et le sont pour des raisons profes­sion­nelles. Mais quand on leur demande d’iden­ti­fier leur moti­va­tion prin­ci­pale pour s’ins­crire, la plupart valo­risent la montée en compé­tence, ceux qui mettent l’ob­ten­tion du certi­fi­cat devant les autres moti­va­tions sont ultra mino­ri­taires.

Et oui, il y aurait donc un certain nombre de personnes qui aiment bien faire leur travail et s’amé­lio­rer.  Un certain nombre de psycho­logues de la moti­va­tion expliquent ce fait à travers la théo­rie de l’auto-déter­mi­na­tion. Ces auteurs consi­dèrent que le besoin de compé­tence et le besoin d’au­to­no­mie est l’un des déter­mi­nants du compor­te­ment humain.

Après, il est évident que ce besoin de compé­tence est plus présent chez les uns que chez les autres, et c’est tout l’art du mana­ge­ment que de le susci­ter et de l’en­tre­te­nir.

La montée en compétence est la première motivation d'inscription à un MOOC


La ques­tion de l’as­si­duité du public des MOOC

Avant de conclure, quelques mots sur les taux de complé­tion et sur la qualité de la forma­tion. Les MOOC sont connus pour leur faible taux de complé­tion; en géné­ral, moins de 10% des inscrits décrochent le certi­fi­cat. Il ne faut pas en conclure pour autant que “le MOOC ne marche pas”.

Il y a plusieurs facteurs qui expliquent ce “décro­chage”. Tout d’abord, il ne faut pas oublier que s’ins­crire à un MOOC cela ne coûte rien; cela se fait en géné­ral en quelques clics, tout au plus faut-il four­nir son adresse mail. Il n’y a aucun coût parti­cu­lier à oublier. Un certain nombre de personnes oublient d’ailleurs qu’elles s’étaient inscrites et ne vont jamais se connec­ter au cours. La seconde raison, c’est qu’il y a très souvent un déca­lage entre les attentes des inscrits et l’offre de forma­tion.

Par exemple, si les parti­ci­pants cherchent pour la plupart à monter en compé­tence sur la maîtrise d’ou­tils et que le cours qu’ils suivent est essen­tiel­le­ment théo­rique, c’est normal que cela ne leur plaise pas. Il est diffi­cile de se faire une idée sur le cours simple­ment en regar­dant la bande-annonce et le descrip­tif. Enfin, même lorsque l’offre de forma­tion coïn­cide avec les inté­rêts des parti­ci­pants, il ne faut pas oublier que ces derniers suivent la forma­tion sur leur temps libre; en absence de contrainte, d’autres prio­ri­tés, profes­sion­nelles ou person­nelles finissent souvent par l’em­por­ter.

C’est ce problème de temps qui est avancé par la plupart des parti­ci­pants qui décrochent, c’est alors plus un problème de contexte que de dispo­si­tif. En effet, quand le suivi du MOOC est obli­ga­toire, et il est tout à fait possible de rendre le suivi d’un MOOC obli­ga­toire aussi bien au niveau de la forma­tion initiale ou profes­sion­nelle, les taux de décro­chage tendent vers zéro.

Quel est le potentiel des MOOC ?


Quel est le poten­tiel des MOOC en terme de forma­tion ?

Nous vous propo­sons de termi­ner par la ques­tion du poten­tiel du MOOC en termes de forma­tion. On peut se former à tous les sujets possibles et imagi­nables via un MOOC, aussi bien à la gestion de projet qu’à l’ana­lyse de données ou à la comp­ta­bi­lité.

Après, il est certain que l’ab­sence de retour person­na­lisé présente des limites sur le plan péda­go­gique. Si l’on veut suivre de près les progrès des inscrits et vali­der des acquis de manière rigou­reuse, un enca­dre­ment plus fin est néces­saire dans la plupart des disci­plines, enca­dre­ment qui peut se réali­ser à distance.

Le MOOC n’a évidem­ment pas voca­tion à rempla­cer toutes les autres formes d’en­sei­gne­ment, mais peut être arti­culé avec du présen­tiel ou des formes d’en­sei­gne­ment à distance à taille humaine, dont les SPOC sont le dernier avatar.

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