Le Printemps de la formation

Tendances 2025 : Ce que les professionnels de la formation retiennent (et anticipent)

Cinq experts formation partagent leur vision des évolutions à venir : IA, distanciel, présentiel, enjeux clés… Ce qu’ils retiennent pour 2025.

Par Iman Miquel – Le 10 octobre 2025

À quoi ressemblera la formation dans cinq ans ? Quelle est aujourd’hui la place du distanciel ? Quelle stratégie pour le présentiel ? Et au-delà de l’IA, quels sont les enjeux clés de 2025 pour les équipes formation ?

Autant de questions posées dans le cadre d’un format court et dynamique, diffusé pendant le Printemps de la Formation 2025.

Cinq professionnels de la formation ont partagé leur vision : Pierre Nicolas, Responsable Formation à la Société Générale, Stéphanie Gay, HR & Learning Business Partner chez Kiabi, Jordan Defas, Learning, Development & Culture Director chez Doctolib, Naomi Follet, Talent Development Manager chez Cheerz, et Céline Hue, Responsable Formation BU France Suisse chez RATP Développement.

Tour d’horizon de leurs convictions, priorités… et intuitions.

                    

Le point de vue de Pierre Nicolas, Responsable Formation à la Société Générale

Pierre Nicolas ouvre ce tour de table avec une vision très claire de l’évolution de la formation. Pour lui, l’avenir passera inévitablement par l’hyperpersonnalisation, permise en grande partie par l’IA. Il imagine une formation plus immersive, plus fluide, où l’apprentissage ne sera plus une séquence à part, mais un processus continu, intégré au quotidien professionnel.

Il insiste sur l’idée que la frontière entre travail et formation va s’estomper, pour tendre vers une logique « d’entraînement quotidien ». En guise de métaphore, il compare cette transformation à la différence entre faire du sport régulièrement et faire un bootcamp ponctuel : selon lui, mieux vaut apprendre un peu chaque jour que surcharger les apprenants à intervalles espacés.

En matière de formats,  le digital représente déjà plus de 50 % des dispositifs de la banque. Il est particulièrement utilisé dans les parcours réglementaires, pour sa praticité, sa traçabilité et sa scalabilité. Mais Pierre Nicolas anticipe une nouvelle phase de digitalisation, davantage orientée vers l’hybridation des formats et l’accompagnement humain.

Côté présentiel, il est réservé aux thématiques nécessitant plus d’interactions humaines : prise de poste, posture commerciale, développement managérial. Ces temps forts sont essentiels pour ancrer les savoirs dans la culture de l’entreprise.

Quant à l’enjeu prioritaire pour 2025, il identifie la mesure d’impact des formations, avec une volonté de raccourcir les formats tout en renforçant l’ancrage. Cela passe, selon lui, par des micro-actions post-formation, l’usage de la réalité augmentée ou encore la simulation, pour prolonger l’apprentissage de manière efficace.

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Le point de vue de Stéphanie Gay, HR & Learning Business Partner chez Kiabi

Stéphanie Gay projette une formation de demain à la fois plus humaine, plus responsable et enrichie par l’IA. Elle imagine une évolution vers des formats très personnalisés, capables de répondre aux besoins précis des apprenants, en situation de travail, avec l’aide de l’intelligence artificielle.

Mais cette technicité ne doit pas faire oublier l’essentiel : l’humain. Stéphanie insiste sur le fait que, malgré l’essor des technologies, la formation devra rester un lieu d’échange et de partage, avec davantage de peer learning et de dynamiques collectives.

Elle formule également un vœu fort : celui de voir émerger une formation plus responsable. Pour elle, cela signifie des formats inclusifs, sobres sur le plan énergétique, et conscients de leur impact environnemental et social. Une vision cohérente avec les engagements RSE portés par Kiabi.

Sur les formats actuels, elle précise que le distanciel représente environ 20 % des dispositifs. Il est particulièrement utile dans un contexte de travail hybride, car il permet aux collaborateurs d’apprendre à leur rythme, selon leurs contraintes. Mais l’accompagnement managérial reste clé pour favoriser un apprentissage actif.

Le présentiel, quant à lui, est réservé aux temps forts de la vie du collaborateur : onboarding, développement managérial, transformation des compétences. Il vient créer un lien direct entre formation, culture d’entreprise et dynamique collective.

En 2025, l’enjeu prioritaire selon elle est clair : faire de la formation un levier d’engagement sociétal. Chez Kiabi, cela passe notamment par des formations sur l’écoconception, la proximité de la fabrication, ou encore l’insertion professionnelle des jeunes. La formation n’est plus seulement un outil RH : c’est un moyen de transformer l’entreprise de l’intérieur.

Le point de vue de Jordan Defas, Learning, Development & Culture Director chez Doctolib

Pour Jordan Defas, la formation de demain sera progressive, hyperpersonnalisée et totalement intégrée au quotidien.

À ses yeux, la formation ne sera plus un moment figé dans l’agenda. Elle se fondra dans le flux de travail, à travers des formats courts, engageants, et faciles à mobiliser. Autrement dit, c’est la régularité de l’apprentissage qui garantira son efficacité.

Du côté des formats actuels, le distanciel représente aujourd’hui environ 60 % du volume de formation chez Doctolib. Il est plébiscité pour sa scalabilité, essentielle dans une entreprise en forte croissance, et pour sa flexibilité, qui permet aux collaborateurs de se former selon leur rythme et leurs besoins.

Mais Jordan précise que le présentiel reste essentiel, notamment dans trois grands cas :

  • L’onboarding, pour créer du lien dès les premiers jours ;

  • Le développement du leadership, qui nécessite des échanges profonds ;

  • L’accompagnement des grandes transformations, comme le passage à une posture plus conseil chez les équipes commerciales.

Enfin, lorsqu’on lui demande quel est l’enjeu prioritaire de la formation en 2025, il en identifie trois, étroitement liés à la stratégie de Doctolib :
• Faire évoluer les compétences commerciales vers plus de conseil, en réponse à la complexité des offres ;
• Renforcer la connaissance des utilisateurs pour rester centré sur leurs besoins ;
• Accompagner la montée en puissance managériale dans une organisation jeune, en structuration rapide.

Chez Doctolib,  la formation est au cœur du développement de l’entreprise. Elle n’est pas pensée comme un à-côté, mais comme un levier stratégique de transformation.

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Le point de vue de Naomi Follet, Talent Development Manager chez Cheerz

Naomi Follet imagine une formation qui responsabilise davantage les collaborateurs. Selon elle, l’autonomie dans l’apprentissage est une tendance de fond : il ne s’agit plus seulement de “former pour former”, mais de faire de chaque collaborateur un acteur engagé dans son développement.

Quand on lui demande à quoi ressemblera la formation dans cinq ans, elle répond avec une conviction claire :

L’enjeu n’est pas nouveau : il faut faire prendre conscience que la formation est un investissement.
Et pour cela, l’entreprise doit créer les conditions d’un apprentissage responsabilisé et accessible.

Aujourd’hui, 60 % du volume de formation chez Cheerz se fait à distance. Cette part importante s’explique par trois priorités fortes :

  • L’accessibilité et l’équité, pour toucher tous les collaborateurs répartis sur plusieurs pays, en télétravail ou en full remote ;

  • La flexibilité, grâce à des formats “on demand” et modulaires ;

  • La scalabilité, indispensable pour suivre la croissance rapide de l’entreprise et intégrer efficacement les nombreux nouveaux arrivants.

Mais le présentiel reste bien présent dans la stratégie de Cheerz. Il est réservé à des temps spécifiques, plus exigeants en interaction humaine :

• Les formations autour du management ou des postures métiers ;
• Les ateliers MBTI et les séquences de cohésion d’équipe, qui renforcent la culture du “travailler ensemble” ;
• Les formations où l’ancrage et l’échange entre pairs sont essentiels, souvent combinées avec des modalités innovantes (réalité augmentée, micro-actions, simulations…).

Quant à l’enjeu prioritaire pour la formation en 2025, Naomi le formule en deux mots : impact et efficacité.
Chez Cheerz, cela se traduit par une volonté de raccourcir les formats présentiels (passage de 2 jours à 1 jour, voire à des formats de 2 heures) et d’expérimenter de nouvelles techniques d’ancrage des connaissances après les sessions.

Baromètre IA RH 2026

Le point de vue de Céline Hue, Responsable Formation BU France Suisse chez RATP Developpement

Pour Céline Hue, la formation de demain devra répondre à un double enjeu : innover dans les formats tout en recentrant le présentiel sur des temps forts à haute valeur humaine. Dans un groupe aussi vaste et opérationnel que RATP Dev, cette articulation est essentielle.

Sur la formation à 5 ans, elle mise sur une approche plus immersive et personnalisée, permise par l’IA, la réalité virtuelle ou la réalité augmentée. Ces outils peuvent transformer l’expérience des apprenants en rendant l’apprentissage plus concret et engageant, tout en s’adaptant finement aux besoins de chacun.

Aujourd’hui, la part du distanciel est estimée à 30–40 %, ce qui traduit une stratégie équilibrée. Le digital est pleinement intégré dans les parcours, mais le présentiel garde une place stratégique, notamment pour :

  • les formations managériales,

  • l’onboarding des nouveaux arrivants,

  • les parcours de transformation ou de mobilité interne,

  • les évolutions métiers (comme les techniques de vente ou les postures commerciales).

Céline insiste aussi sur l’importance du présentiel comme catalyseur de lien humain :

Le présentiel est privilégié pour les temps forts de la vie du collaborateur. On veut que la formation soit intimement liée à la culture d’entreprise.

Le digital n’est pas écarté, bien au contraire : RATP Dev développe activement des modalités hybrides et innovantes pour renforcer l’ancrage des apprentissages, avec des formats plus courts et plus ciblés (demi-journées, séquences de 2 heures, micro-actions post-formation…).

Concernant l’enjeu prioritaire de la formation en 2025, Céline évoque deux axes :

  • Une digitalisation efficace, mesurable et impactante ;

  • Un travail sur l’optimisation des formats, pour aller à l’essentiel tout en maintenant la qualité pédagogique.

Ce positionnement témoigne d’une vision réaliste et exigeante : innover, oui, mais sans renoncer à l’efficacité ni au lien humain.

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