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Métavers : quels impacts dans le secteur RH et pour la formation ?

Unow s’associe à Tomorrow Theory pour décrypter le Métavers et ses applications (à court et moyen terme) pour la formation.

Par Pierre Monclos – Le 18 octobre 2022

Vous avez sans doute déjà entendu parler du Métavers et du Web 3.0. Mais ces notions restent assez floues et complexes pour la plupart d’entre nous : en quoi cela consiste exactement ? Où en est la technologie ? Et quels impacts sur le quotidien des responsables RH et des responsables formation ? Unow s’associe à Tomorrow Theory, agence en valorisation du capital humain par la science et la technologie, pour décrypter le Métavers et ses applications (à court et moyen terme) pour la formation.

Au sommaire de cet article très, très complet :

Cet article est tiré du webinaire ”Métavers : quels impacts pour les RH et la formation ?” animé par Jérémy Lamri, Co-founder et CEO de Tomorrow Theory et HR Advisor chez JobTeaser, Gaspard Tertrais, Co-founder et CTO de Tomorrow Theory et Founder de Gaspard & Joseph et Pierre Monclos, DRH de Unow.

C’est quoi le métavers ?

Quand on parle de métavers aujourd’hui, on mélange souvent plusieurs notions, avec des interprétations fluctuantes. D’autant plus que le métavers (« metaverse » en anglais) repose sur d’autres concepts tout aussi flous : Web 3.0, blockchain, NFT, cryptomonnaie

Si on doit retenir une définition, pour Jérémy Lamri, co-fondateur de Tomorrow Theory et responsable de l’innovation chez JobTeaser, c’est celle-ci : 

Un métavers est un environnement immersif crédible, dans lequel les utilisateurs peuvent interagir entre eux via leurs avatars respectifs de manière sécurisée. Ils peuvent également créer, utiliser, détenir et monétiser des éléments du réseau.

  

On ne peut parler du métavers sans évoquer également le Web 3.0 : en effet, le métavers sera hébergé dans cette nouvelle version décentralisée du web. Les utilisateurs seront les acteurs et propriétaires du réseau, contrairement au Web 2.0 actuel, régi par les gouvernements et géants du numérique. Toutes les opérations peuvent y être authentifiées et tracées, et inscrites dans un registre mondial infalsifiable : la blockchain. 

La blockchain, kézaco ?

Une blockchain est un registre, une grande base de données qui permet de stocker et de transmettre des données sous forme de blocs liés les uns aux autres. Ces données sont protégées contre toute modification.

C’est le développement de la technologie de la blockchain qui permet l’existence des crypto-monnaies et des NFT. Les NFT (Non Fongible Token) sont des objets numériques (fichier image, vidéo, ou audio) avec un code d’identification unique dans la blockchain, non reproductible.

Comme le métavers et le Web 3.0 n’existent pas encore, les organisations et les individus ont des idées très différentes sur ce à quoi ils devraient ressembler lorsqu’ils seront terminés. La philosophie du web3 penche vers un espace décentralisé, loin de l’influence des grands groupes, ce qui risque d’être assez éloigné de la conception du métavers par  Meta (anciennement Facebook) qui investit actuellement énormément d’argent pour développer son propre univers virtuel.

Le métavers, ça existe ou pas ?

Le métavers et le Web 3.0 sont des concepts en cours de construction et qui n’existent pas aujourd’hui. Gartner, qui définit les cycles de maturité technologique dans son rapport publié cet été, estime que le métavers sera prêt d’ici 10 à 12 ans.

La blockchain et la réalité virtuelle (VR), elles, sont des technologies qui existent déjà bel et bien depuis plusieurs années.

Attention donc aux effets d’annonce et au marketing : quand on essaie de vous vendre des applications RH basées sur le métavers, la plupart du temps elles reposent sur la technologie de réalité virtuelle (avec un casque par exemple) et non pas sur un véritable métavers. 

Ce qu’on voit aujourd’hui, ce n’est pas du métavers : ce sont des plateformes de réalité virtuelle, immersives ou non – c’est-à-dire soit avec un casque soit sur l’ordinateur – mais on n’est pas encore vraiment dans le métavers.

Et pourtant, on en parle aujourd’hui parce qu’il y a déjà des plateformes qui commencent à y ressembler, et qui ont des impacts sur la vie quotidienne, la vie économique et la vie des entreprises, y compris les services RH.

Applications RH actuelles et futures

Aujourd’hui, les usages de ces technologies commencent vraiment à se développer et à dépasser l’aspect “gadget”. Pour les ressources humaines, on commence à percevoir de vraies valeurs d’usage, que ça soit pour la collaboration, l’attractivité ou le développement de compétences. 

Recrutement

Si demain, on ouvre des boutiques  dans des environnements virtuels, on aura besoin de personnes pour y faire de la vente : il faudra recruter des avatars travailleurs. Aller les recruter directement dans le monde virtuel pour voir comment ils se comportent dans cet élément paraît alors censé.

Bien sûr, l’idée n’est pas de remplacer complètement le recrutement via les méthodes traditionnelles, mais cela peut être un outil complémentaire dans une stratégie globale de recrutement. 

Par exemple, Carrefour a monté une opération de recrutement dans un univers de réalité virtuelle : un grand coup de com, qui sert à attirer certains profils techniques spécifiques, actuellement en tension, (data science, data analyse) qu’ils ont supposés sensibles à l’idée d’avoir une expérience de premier contact dans un univers virtuel. Mais ça ne veut pas dire que Carrefour ne recrute plus en physique ou en visio !

D’autant plus que même si l’expérience de Carrefour est vraiment intéressante, il faut en relativiser un peu le succès :  il s’agissait d’un événement de recrutement pour 30 personnes où le PDG était présent. Quand on a la chance d’avoir le PDG du groupe Carrefour qui se déplace directement, cela joue sur l’attractivité de l’événement, et l’usage de la réalité virtuelle n’est pas le seul facteur à prendre en compte dans les leçons à tirer de l’expérience.

Collaboration

Il faut vraiment essayer de faire la différence entre le métavers – cette fameuse vision cible d’un monde hyper connecté et décentralisé – et ce qu’on nous vend aujourd’hui sous le nom de métavers, qui sont des plateformes de réalité virtuelle pas toujours ouvertes. 

Demain, si on a besoin d’être dans une salle de réunion avec plein de fonctionnalités collaboratives, pas besoin qu’il y ait un univers ouvert autour. On parle plus ici de réalité virtuelle ou augmentée : on est chez soi mais avec un casque qui nous permet de voir plus de choses. 

L’intérêt peut être économique – billets d’avion, de train, temps de trajet, fatigue… même si, bien sûr, l’idée n’est pas de remplacer toutes les réunions physiques mais plutôt de créer du lien social là où le présentiel n’est pas envisageable. On a vu des cas d’usages pendant la crise Covid par exemple.

On peut aussi penser à des modalités hybrides qui vont nous permettre d’aller un peu plus loin dans la manière dont on travaille ensemble. Meta, avec Horizon Worlds, travaille sur des fonctionnalités intéressantes, qui vont pouvoir servir lors de moments de collaboration poussée. 

Horizon Workrooms par Meta (Facebook)

Sur des environnements de travail en réalité virtuelle, on commence à avoir des fonctionnalités créatives qui permettent par exemple de pouvoir modifier la réalité en 3D, à la vitesse de sa pensée. Iron Man rattrapé par la technologie !

Certification

Il y a déjà des cas d’usage permis par les nouvelles technologies concernant la certification de formations. Tomorrow Theory a ainsi travaillé avec LVMH sur la certification d’une de leurs formations en NFT. Quand le participant complète la formation en question – d’ailleurs sur la thématique du Web3 –, il se voit décerné une certification par l’organisme de formations pour certifier cette compétence via un portefeuille de NFT. Comme le code d’identification de chaque NFT est unique, il est impossible de le contrefaire ; cette méthode permet de vraiment garantir la certification.

Plutôt que de faire passer des tests ou de supposer que la personne a les compétences qu’elle prétend détenir, les nouvelles technologies comme la blockchain sont un bon moyen de fiabiliser des expériences et formations qui laissent présupposer de compétences acquises.

C’est une alternative au CV : les recruteurs peuvent consulter les certifications obtenues par les candidats et être assurés par l’organisme de formation de leur véracité (contrairement au classique CV papier ou numérique, qui peut s’avérer mensonger).

C’est également utile pour la mobilité interne : avant de faire évoluer un collaborateur, les entreprises peuvent s’assurer qu’il a participé aux formations nécessaires ou obtenu des certifications spécifiques, et le collaborateur peut démontrer ses compétences.

On peut également imaginer que l’auto-formation via la participation à plusieurs formations ou événements sur une thématique spécifique – semblable à un parcours de formation – puisse être reconnue via la blockchain et ainsi prouver une expertise dans un domaine donné. 

Plus encore, cela permettrait ainsi de décentraliser la certification : aujourd’hui, seuls les organismes de formation peuvent délivrer des certificats, et seuls les instituts universitaires professionnalisés peuvent délivrer des diplômes. On peut imaginer que dans le futur, on n’aura plus besoin de délivrer un diplôme car le fait d’avoir participé de façon certifiée à une formation associée à un score de qualité suffira comme gage de qualité sur un CV.

Ainsi, toutes les personnes qui souhaiteraient proposer des formations pourraient le faire, et si elles sont reconnues par un assez grand nombre, alors elles auront un score de qualité élevé qui atteste de la qualité de la formation, sans avoir besoin de passer par un diplôme d’État.

À savoir qu’aujourd’hui, le diplôme du baccalauréat, en plus de la version physique, est hébergé numériquement dans la blockchain !

Formation

L’expérience de formation est également impactée par ces nouvelles technologies, et il existe déjà des environnements de formation qui s’inscrivent dans la réalité virtuelle (VR).

On a tous en tête les simulateurs de pilotage avec un casque de réalité virtuelle : cela existe depuis déjà plusieurs décennies. Aujourd’hui, la technologie est de plus en plus mature et les usages se développent, en même temps que les casques de réalité virtuelle.

On va pouvoir mettre en pratique des compétences grâce à la réalité virtuelle, en exposant les apprenants à différentes situations et cas pratiques. Il faut en parallèle pouvoir intégrer l’intelligence artificielle dans ces dispositifs, pour pouvoir mesurer les résultats et adapter ce qui se passe en temps réel. 

Ce pourrait être une vraie révolution pour le milieu de la formation : les organismes de formation comme Unow pourraient par exemple proposer des environnements de réalité virtuelle où le scénario de formation s’adapte automatiquement à chaque apprenant

Environnement de travail

C’est une certitude, le métavers va avoir des impacts sur le monde du travail. Certaines personnes vont sans doute travailler plusieurs heures par jour dans des environnements virtuels. La question de la santé – physiologique et mentale – va forcément se poser aux équipes RH, qui sont en général peu outillées pour traiter ce genre de problématique. Il faudra nécessairement une évolution du Code du Travail pour protéger les nouveaux travailleurs du virtuel. 

Le risque lié à la santé mentale n’est pas à négliger : si les travailleurs passent plusieurs heures par jour à incarner un personnage qui ne correspond à leur vraie identité et à avoir des interactions avec d’autres avatars, dans un environnement virtuel très immersif, l’impact sur la santé psychologique – aujourd’hui inconnu – risque d’être conséquent. Les RH auront un vrai rôle à jouer pour former les travailleurs et prévenir les risques psychosociaux.

Onboarding de nouveaux collaborateurs

Un autre usage peut se jouer autour de l’accueil et la montée en compétences de nouveaux collaborateurs. 

Ainsi, Franprix utilise la réalité virtuelle pour l’onboarding, pour certaines situations génériques dans tous les magasins. C’est aussi le cas dans le monde du luxe : la réalité virtuelle est utilisée pour immerger dans la culture, souvent très forte et très visuelle.

Exemples d’usages actuels de la réalité virtuelle en formation

Si le métavers n’est pas encore une réalité, on peut cependant dès aujourd’hui – et depuis plusieurs années – se projeter dans des expériences de formation immersives grâce à la VR. Des éditeurs s’en sont déjà emparés et proposent des environnements virtuels de formation qui démontrent l’impact de l’immersion en formation. En voici quelques exemples.

Exercices d’alertes incendies

  

Ce genre d’exercice se prête particulièrement bien à la réalité virtuelle, car on ne peut pas vraiment reproduire les mêmes circonstances dans la vraie vie. 

On va pouvoir vraiment mettre en pratique des compétences grâce à la réalité virtuelle, en exposant les apprenants à différentes situations et cas pratiques.

Ce sont des exercices très courts – non pas à cause du matériel (masque de réalité virtuelle) mais plutôt dans une optique d’efficacité pédagogique.

Mise en pratique dans la santé

                    

Même si l’univers n’est pas très réaliste, il permet toutefois de se projeter et de ressentir des émotions.

Le but est rarement de remplacer toute la formation, c’est plutôt un exercice de mise en pratique qui s’insère dans un plan de formation globale.

Mise en pratique dans l’industrie

                    

Là aussi, le secteur se prête particulièrement bien à ce genre de simulation, et permet notamment de réduire les risques d’accident.

Mise en situation : Unow teste pour vous !

Pierre Monclos mouille la chemise : grâce à un dispositif proposé par Tomorrow Theory, le DRH de Unow a testé pour vous en direct pendant le webinaire “Métavers : quels impacts pour les RH et la formation ?” différents dispositifs de formation en réalité virtuelle.

Prise de parole en public

                    On peut se poser la question de l’intérêt de l’environnement VR pour ce genre d’exercices, alors qu’on peut s’entraîner tout seul ou devant des amis. Pourtant, la mise en situation devant un public large change tout : même si on sait que c’est virtuel, ça crée quand même les conditions du réel, avec la montée de stress face à l’attention du public.

Il y a plusieurs fonctionnalités, qui incluent un chronomètre, le support de présentation, et également du feedback en temps réel, avec des réactions du public.

Entretien d’embauche

                    L’idée est de pouvoir simuler un entretien d’embauche en tant que candidat. On est dans une petite salle, avec 4 personnes en face, très réalistes. 

L’intérêt de cet environnement pour préparer un entretien est de pouvoir répéter son discours de façon plus efficace qu’en étant tout seul ou face à quelqu’un qu’on connaît, et de pouvoir répéter plusieurs fois et de mesurer les réactions en face.

Le fait de pouvoir répéter plusieurs fois permet d’ancrer vraiment l’apprentissage, grâce aux émotions ressenties pendant l’entretien.

Les questions d’entretien sont prédéfinies mais on peut aussi les personnaliser et se mettre en situation.

Prévention du harcèlement sexuel

                    

Le principe est vraiment de s’immerger et de jouer sur les émotions. La mise en situation : un(e) collègue demande avec insistance d’aller boire un verre ensemble, et a un comportement inapproprié.

La réalité virtuelle permet vraiment de ressentir la proximité physique de la personne, qui nous bloque le passage et ne tient pas compte des limites de notre espace personnel.

Ce genre de simulation est vraiment efficace pour mieux comprendre les risques psychosociaux et pointer les comportements inappropriés.

Recrutement et réunions

Pierre Monclos et Gaspard Tertrais testent pour vous une salle virtuelle qui remplit plusieurs usages : 

  • examiner des candidatures ;

  • se réunir.

                    

L’avatar permet de ne pas avoir de biais sur l’apparence physique de la personne. Par contre, les compétences et les certifications sont certifiées et ne peuvent être falsifiées. 

Pour les recruteurs adeptes du recrutement sans CV, cette technologie est sans doute peu adaptée… Mais une fois de plus, l’idée n’est pas de remplacer toutes les autres techniques, mais bien de venir compléter les usages. 

À retenir

Si le métavers n’est pas encore abouti, il faut commencer à s’en préoccuper : il va impacter directement votre métier sur de nombreux aspects. Attention cependant : cela ne veut pas dire que tous les aspects du métier RH vont intégralement se passer dans le métavers, il n’aura d’intérêt que dans des cas précis.

Par contre, la réalité virtuelle est déjà là et présente des cas d’usages intéressants en RH et formation : à vous de vous en emparer !

En conclusion : 

1/ Le métavers n’est pas encore là. Ce qu’on nous vend aujourd’hui, ce sont de simples environnements virtuels, ou des proto-métavers qui n’en ont pas encore toutes les briques. Pour l’instant, on ne peut pas se rendre de façon simple et globale dans un métavers ; donc dire qu’on va sourcer et recruter dans le métavers ne correspond pas aujourd’hui à la réalité technique.

2/ Il faut être extrêmement attentif aux enjeux sociaux, économiques et environnementaux qui sont liés à l’apparition de tous ces mondes virtuels. Est-on en train de détourner des ressources pour toujours plus d’usages non nécessaires, ou est-ce qu’on va utiliser demain ces environnements pour pouvoir faire des choses qu’on ne peut pas faire dans le monde réel et qui sont vraiment utiles, voire même résoudre des problèmes du monde réel ? Si on arrive à faire ça, on pourra dire que le métavers est utile – mais en prenant soin d’optimiser en permanence l’impact de ces technologies sur l’environnement.

3/ La question autour du métavers n’est pas d’être pour ou contre : c’est déjà en train de se construire, ça va arriver. Ce n’est pas noir ou blanc. Par contre on va pouvoir choisir les usages qu’on en fait, et cela demande dès aujourd’hui d’être éduqué, de se renseigner pour pouvoir faire des choix éclairés sur ce qu’on veut faire de ces environnements virtuels : pour quoi veut-on les utiliser ? Où vont-ils créer de la valeur ? Dans les processus RH, il faut s’assurer qu’on s’en sert pour faire des choses qui ont une meilleure qualité que dans le monde réel ou encore parce que c’est pour faire des choses qu’on ne pourrait pas faire dans le monde réel.

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