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Les stratégies RH et premiers pas des entreprises face à l’IA

L’IA transforme radicalement le paysage des entreprises et les fonctions RH sont en première ligne pour naviguer dans cette nouvelle réalité.

Par Iman Miquel – Le 12 janvier 2024

L’IA transforme radicalement le paysage des entreprises et les fonctions RH sont en première ligne pour naviguer dans cette nouvelle réalité. 

Cet article est issu de la table ronde “Les stratégies RH et premiers pas des entreprises face à l’IA” animée par Pierre Monclos de Unow, Gaspard Tertrais, CTO et cofondateur de Tomorrow Theory, et Ludovic Chisloup, fondateur d’Evocime.

Nous examinerons les diverses stratégies adoptées par les entreprises pour intégrer l’IA dans leurs processus, en mettant un accent particulier sur les retours d’expérience des premiers pas réalisés dans ce domaine. 

Quelles sont les meilleures pratiques en termes d’adoption de l’IA ? Comment les départements RH réinventent-ils leurs stratégies pour accompagner les employés et l’entreprise dans cette transformation ? Voilà les questions importantes auxquelles cet article cherche à répondre.

IA, IA Génératives : de quoi parle-t-on ?

L’intelligence artificielle est un « ensemble de théories et de techniques mises en œuvre en vue de réaliser des machines capables de simuler l’intelligence humaine ». (Wikipédia)

Qu’est-ce qu’une IA Générative ?
• Une IA qui est entraînée et qui apprend dans le but de générer des contenus (textes, images, vidéos, etc.)
• Une IA qui a le potentiel d’être reliée à des outils et d’autres IA

Ces outils deviennent multimodaux, il n’est plus nécessaire de les additionner pour certains.

Les impacts pour l’entreprise

Peu importe le métier ou le secteur d’activité, l’IA générative a de nombreux impacts.

• La protection des données et le RGPD 
En matière de protection des données et de conformité au RGPD, il est essentiel de se prémunir contre les risques de fuites de données qui pourraient survenir lors de l’utilisation de systèmes d’intelligence artificielle. Il est donc impératif d’éduquer et de sensibiliser tous les collaborateurs et collaboratrices aux potentiels dangers associés à ces technologies.

• La fiabilité des contenus et des outils
Sur la plupart des utilisations en entreprise, les intelligences artificielles génératives sont officiellement plus fiables qu’un humain.

• La propriété intellectuelle des contenus
L’exploitation des contenus produits par des intelligences artificielles génératives sous licence payante permet leur utilisation à des fins commerciales et publicitaires, avec la protection offerte par ces outils. Cependant, des discussions juridiques subsistent, notamment dans les secteurs artistique et audiovisuel.

• La productivité et les suppressions d’emploi
L’intégration de l’intelligence artificielle dans les entreprises augmente la productivité en automatisant des tâches répétitives, mais peut aussi entraîner des suppressions d’emplois, en particulier dans les domaines où les tâches manuelles et routinières prédominent.

À lire aussi : Les IA Génératives pour les RH : tour d’horizon des outils et de leurs usages

• Les biais des humains qui deviennent les biais des IA
Comme les IA apprennent des humains, elles peuvent reproduire nos biais. En RH, les premiers biais concernent l’inclusion des profils qui ne rentreraient pas dans des codes que connait l’IA.

• L’éthique dans l’utilisation de l’IA
Il est essentiel de garantir que l’IA soit utilisée de manière responsable, en veillant à la protection des données personnelles, à la prévention des biais discriminatoires et à la transparence dans les processus décisionnels automatisés.

• L’impact écologique
Actuellement, le coût énergétique d’une requête sur ChatGPT est devenu très faible, presque équivalent à celui d’une recherche sur Google. Cela représente une nette diminution par rapport au passé, où une telle requête exigeait une grande quantité d’énergie.
Pour réaliser ces calculs, un grand nombre de cartes graphiques est nécessaire. Ces cartes utilisent des métaux rares, souvent extraits dans des conditions défavorables pour l’environnement et requérant une consommation élevée en énergie.
Cependant, l’utilisation de l’IA permet de réduire considérablement l’énergie nécessaire pour produire des films ou des publicités. Elle élimine le besoin de déplacer des équipes sur de longues distances pour des tournages. L’IA contribue aussi à réduire le temps passé sur internet, ce qui diminue l’utilisation des ordinateurs. Selon les experts, il faudra encore quelques mois pour évaluer précisément l’impact environnemental de l’IA et déterminer la position des entreprises face à cette technologie.

La responsabilité de diriger cette transformation et de gérer le changement au sein de l’entreprise incombera vraisemblablement aux DRH. Leur mission principale sera d'initier les équipes à la culture de l’IA, de les sensibiliser et de les former. Pour ce faire, ils pourront tirer des leçons de la transformation digitale. L’objectif ultime de cette démarche est de maintenir et de renforcer l’employabilité des salarié·es.

Voir le replay : IA en entreprise : Anticiper les compétences essentielles de demain

Les premiers retours d’expérience

Exemple de la charte éthique d’une petite entreprise

Yssine Matola, VP People chez Semble, a mis en place 5 règles pour une bonne utilisation des IA au sein de l’entreprise : 

1. Garantir la protection des données
2. Liberté d’utilisation des outils d’IA Génératives (aucun contrôle de l’entreprise)
3. Responsabilité et éthique de l’utilisateur : chacun est responsable du travail produit ➔ en cas d’usage externe, une relecture doit être faite par un binôme
4. Transparence : on informe quand on a réalisé un travail avec l’IA
5. Détection et limitation des biais : une attention particulière doit être portée sur les biais des modèles d’IA

Ces règles viennent d’une petite entreprise, mais sont adaptables pour toute taille d’entreprise.

Accéder au livre blanc : Les premiers chantiers RH face à la percée des IA génératives

Des chartes éthiques dans de grandes entreprises

Avant même l’arrivée des IA, certaines entreprises possédaient déjà une charte éthique, car ils utilisaient déjà l’IA pour leurs usages internes et leurs clients. C’est par exemple le cas de Capgemini ou encore Orange. Voici deux exemples notables de chartes éthiques :

Capgemini
• Maîtriser l’impact de l’AI pour que cela bénéficie à l’humain et à ses droits fondamentaux
• Une IA qui a un développement durable, au service de notre planète
• Une IA juste et équitable, sans biais et qui tient compte des principes de diversité et d’inclusion.
• Une IA transparente, dont les résultats sont compréhensibles, traçables et analysables
• Une IA contrôlable, sur laquelle l’humain a le dernier mot pour rester autonome et pouvoir prendre des décisions.
• Une IA solide et sécurisée, avec des plans de secours en cas d’incident
• Une IA qui garantit la protection des données privées et des données sensibles, en lien avec le respect de la réglementation
Source : https://www.capgemini.com/wp-content/uploads/2021/06/Capgemini_Code_of_Ethics_for_AI_2021_EN.pdf 

Orange
• Contribuer aux enjeux environnementaux et de bien-être sociétal
• Respecter l’autonomie et les besoins de l’être humain, et fonctionner sous sa supervision
• Respecter l’équité, la diversité et la non-discrimination
• Respecter la vie privée à travers la protection et la gouvernance attentive des données
• Respecter les enjeux spécifiques de chaque système à base d’intelligence artificielle, en matière de robustesse et de sécurité
• Communiquer de manière transparente et intelligible sur la finalité des solutions à base d’intelligence artificielle et mettre en place une chaîne de responsabilité
• Création d’un “Conseil Éthique de la Data et de l’IA”

Expérimentation : l’intégration de l’IA dans la formation

Lors de l’atelier Evocime du Learning Show une expérimentation unique a été menée sous la forme d’un sprint de 75 minutes. 

Cette session a impliqué 60 participants, tous professionnels dans le domaine de la formation et de l’éducation. Ils étaient répartis en trois groupes distincts, correspondant à leurs métiers respectifs : coordinateurs pédagogiques, animateurs de formation et concepteurs de formation. 

L’objectif de chaque groupe était d'identifier les tâches spécifiques à leur profession pouvant être déléguées à l’intelligence artificielle. Pour ce faire, ils s’appuyaient sur deux outils principaux : le référentiel de compétences propre à chaque métier et la matrice SVP (ce qu’ils ne savent pas faire, ce qu’ils ne veulent pas faire et ce qu’ils ne peuvent pas faire). Cela a guidé leur réflexion sur les capacités et les désirs relatifs à l’intégration de l’IA dans leurs pratiques professionnelles.

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L’expérience a permis d’envisager les conséquences de l’intégration de l’IA sur l’évolution des métiers, tant en termes de tâches que de compétences requises. 

Elle a également exploré la redéfinition du rôle de l’humain dans le milieu professionnel, en particulier en ce qui concerne son interaction et sa collaboration avec les robots, considérés comme de nouveaux collègues ou assistants. Cette analyse a offert des perspectives sur la façon dont l’IA pourrait transformer le paysage professionnel, réorientant le périmètre des activités humaines vers des domaines dans lesquels leur contribution est la plus significative.

Pour les professionnels de la formation, toutes spécialités confondues, les tâches envisagées pour la délégation à l’IA se concentrent principalement sur trois catégories. La première catégorie comprend les tâches qui ne sont pas directement liées à leur cœur de métier, permettant ainsi aux professionnels de se concentrer davantage sur leurs compétences et responsabilités principales. 

La deuxième catégorie inclut les tâches chronophages, celles qui prennent un temps considérable mais n’apportent pas nécessairement de valeur ajoutée significative à leur travail. 

Enfin, pour les formateurs indépendants en particulier, l’accent est mis sur la délégation des tâches non facturables, c’est-à-dire celles qui ne génèrent pas directement de revenus. 

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