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Basics #3 La posture du formateur

Dans la série des Basics des Sciences de l’éducation de Unow, intéressons-nous à la posture du formateur et à ses spécificités en formation à distance.

Par Laura Hélie et Eléonore Vrillon – Le 1 mars 2023

Résumé

  1. La posture, c’est la façon d’être, de se tenir du formateur. Elle se traduit à travers des comportements et des attitudes conscientes ou non.
  2. Enseignant, animateur, coach… toutes ces postures ont des codes / gestes plus ou moins conscients qui leur sont associés. Le formateur doit naviguer entre ces différentes postures pour s’adapter à ses apprenants, aux objectifs et aux conditions de la formation.
  3. Chez Unow, les formateurs oscillent entre une posture d’expert, qui peut privilégier une pédagogie descendante, et une posture hybride de “tuteur-expert”. Elle vient diversifier et enrichir le rapport des formateurs aux contenus et aux apprenants.
  4. On continue d’aller plus loin en définissant mieux le “tuteur-expert”, ses gestes, son langage et les valeurs qu’il défend. On s’éloigne également progressivement de la posture de “sachant”, qui amenant moins à enseigner qu’à accompagner l’acquisition de nouvelles compétences, à soutenir l’autonomie des apprenants dans leurs apprentissage.

Qu’est ce que c’est ?

Définition

Le terme posture désigne le positionnement d’une personne et ses attitudes en rapport avec son environnement, mais aussi l’interprétation de ce positionnement par les autres.

➪  On dit parfois que la transmission d’un contenu importe moins que la manière dont on le transmet.

Enseignant, accompagnateur, animateur, coach… toutes ces postures de formateurs ont des codes et des gestes plus ou moins conscients qui leur sont associés.

La posture du formateur ne se résume pas à ce qu’il renvoie physiquement (gestes, attitude non verbale), elle intègre aussi ses choix langagiers et comment il se positionne par rapport à son audience et aux savoirs qu’il transmet.

Ces positionnements ne sont pas forcément choisis ou conscients. La posture du formateur renvoie aussi à la part de lui-même qu’il met dans son travail, ses croyances, ses valeurs qui transparaissent aux yeux des autres : c’est ce qu’on nomme  « l’éthos » professionnel  (Jorro, 2014).

De nombreux paramètres influencent la posture du formateur, tels que les profils d’apprenants, la gestuelle, la temporalité, l’agencement de la salle, le fait de correctement poser sa voix, etc.

Comment ça marche ?

Les différents types de postures

Les études distinguent une multiplicité de postures du formateur, mais 3 grandes catégories émergent : expert, facilitateur, et animateur ou coach.

Ces postures se distinguent par leurs rapports à la relation Formateur – Savoirs – Apprenant, défini notamment par les travaux de Houssaye sur la pédagogie (2000).

Peu importe sa posture, le formateur va intervenir sur les 3 axes : enseigner, apprendre et former. Néanmoins, son choix de posture (plus ou moins conscient), va l’amener à définir des stratégies différentes pour gérer ces relations, voire à les hiérarchiser en fonction du positionnement qu’il décide d’adopter.

Par exemple ici :
L’expert privilégie sa relation avec le savoir en s’assurant de la pertinence de l’objet de connaissance qu’il transmet
Le coach favorise une relation de confiance avec l’apprenant
Le facilitateur encourage l’apprenant à atteindre les savoirs par lui-même

Savoir manier sa posture

Évidemment, le formateur ne se contente pas d’une seule posture qu’il conserve toute sa vie. Il navigue entre plusieurs positionnements de manière plus ou moins explicite pour lui et pour les autres.

Cette flexibilité de posture dépend notamment des objectifs du formateur (ou de l’ingénieur de formation) – transmettre, vulgariser, développer le pouvoir d’agir des participants, etc.

➪  La posture a aussi une forte dimension relationnelle et culturelle.

Par exemple, si un formateur n’est pas expert ou ne met pas son expertise en avant, il peut mettre en danger sa crédibilité aux yeux de son audience, si celle-ci est conditionnée par l’image de l’enseignant “tout-sachant”.

Il en va de même lorsque le formateur instaure une proximité avec ses apprenants – doit-il tutoyer ou vouvoyer les apprenants ?

Pour répondre à ces dilemmes, il est important pour le formateur d’avoir un regard réflexif sur sa pratique, ses objectifs et ses gestes. Il doit aussi sonder les éléments de son environnement qui peuvent agir sur sa posture, mais sur lesquels il n’a pas nécessairement d’autorité, comme les profils d’apprenants ou les modalités spatio-temporelles d’apprentissage.

La posture des formateurs Unow

Les experts légitimes

On pourrait penser que Unow encourage principalement la posture d’expert, ne serait-ce que par le choix de nommer les formateurs comme tels, et de souligner leurs connaissances poussées sur le sujet qu’ils transmettent.

Initialement hérités des MOOC, les contenus des formations ont, à leur début, été composés de vidéos; malgré l’encouragement à participer en commentaires, ce format favorise une pédagogie plutôt descendante, voire “magistrale”, avec une relation Formateur – Savoirs mise en valeur.

Les “tuteurs-experts”

Tenant compte des limites de cette posture, les formations Unow ont de plus en plus tendance à encourager des postures de facilitateurs, en privilégiant d’autres méthodes de transmission. C’est le cas des vidéos “témoignages” par exemple, où un intervenant partage son expérience, sans pour autant prétendre à être expert du domaine. C’est également l’objectif des activités retours d’expériences effectuées par les participants eux-mêmes.

La spécificité du format à distance rend aussi la relation pédagogique complexe (Lameul, 2006). Pour tenter de répondre à cet enjeu, Unow annexe la posture de tuteur à celle de l’expert. La posture de tuteur implique de mobiliser l’apprenant sur une variété de dimensions (Moiraud, Rodet, 2011).

Les “tuteurs-experts” de Unow composent ainsi avec ces deux postures, et se positionnent comme spécialistes légitimes du domaine, tout en soutenant les apprenants pour les aider à atteindre leurs objectifs. Ils cherchent aussi à rompre l’isolement qui va parfois de paire avec la formation à distance.

Comment on pourrait aller plus loin

Conscientiser les postures

La posture de tuteur-expert chez Unow continue d’être explorée à l’aune des retours d’expériences apprenantes. Elle gagne progressivement en précision. Avoir un regard réflexif sur les objectifs de nos formations, permet de dégager les axes que nous souhaitons mettre le plus en valeur entre :

Formateur – Apprenant
Apprenant – Savoirs
Formateur – Savoirs

Observer, questionner et encourager nos experts à conscientiser leur pratique nous permet ensuite de réfléchir aux gestes et choix langagiers visibles dans les vidéos, les classes virtuelles et les réponses en commentaires. Certaines études proposent par exemple d’interroger la question du degré de présence/absence du formateur dans les forums (Nissen, Poyet, Soubrié, 2017). On peut ainsi s’assurer de l’adéquation entre la posture des formateurs Unow, les objectifs des formations et ceux des apprenants.

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Diversifier les postures

Unow a déjà commencé à introduire la posture du facilitateur avec les vidéos témoignages, où le formateur ne prétend pas être détenteur du savoir mais “partage ce qui a fonctionné pour lui”.

Par ce simple positionnement non hiérarchique par rapport aux apprenants, l’expert s’éloigne de sa posture de “sachant”, sans pour autant se décrédibiliser aux yeux des apprenants. Il développe une posture hybride de “pair-expert” (Draelants, 2007).

Les classes virtuelles peuvent aussi être des lieux propices au développement d’une posture de facilitateur. Lorsqu’une question est posée, le facilitateur encourage les autres participants à y répondre, et oriente les discussions. 

Par cette méthode, on encourage les apprenants à ne pas se reposer sur le savoir de l’expert, mais à partager leurs compétences et trouver les solutions par eux-mêmes.

Mettre en valeur la posture des apprenants

On pourrait pousser encore davantage cet effort d’émancipation de l’apprenant en proposant des formateurs en posture de “non savoir”, qui pousseraient les participants à reformuler leurs apprentissages et à eux-mêmes se visualiser comme ayant un potentiel de formateurs.

En réfléchissant à la posture qu’ont les apprenants dans nos formations (et à celles qu’on souhaiterait encourager chez eux), on souligne que les amener à la maîtrise d’un contenu à l’instant T ne suffit pas. En effet, il faut accompagner le processus d’apprentissage en continu pour leur permettre de développer un sens critique en mobilisant différentes sources d’information (Binggeli, 2016).

Sources et +

BILLET, P. (2017), « Relation médiation/médiatisation en formation et en e-learning » [en ligne], capformexpress.fr Disponible ici

BINGGELI, A. (2016), « Quelles compétences pour le formateur d’adultes de demain ? », Agora, 12, Disponible ici

DRAELANTS, H. (2007), « Entre le pair et l’expert, trouver la distance qui convient. Une question de légitimation pour le conseiller pédagogique ? », Recherches sociologiques et anthropologiques, 38–1 | 2007, 163–182.

HOUSSAYE, J (2000), Le triangle pédagogique. Théorie et pratiques de l’éducation scolaire, Peter Lang, Berne, (3e Éd., 1re Éd. 1988)

JORRO, A. (2014), « Ethos professionnel », Dictionnaire des concepts de la professionnalisation, De Boeck Supérieur. pp. 109–112

JORRO, A. (2016), « Postures et gestes professionnels de formateurs dans l’accompagnement professionnel d’enseignants du premier degré ». eJRIEPS (En ligne), n° 2, avr. 2016, pp. 114–132, Disponible ici

LAMEUL, G. (2006). Former des enseignants à distance ? Etude des effets de la médiatisation de la relation pédagogique sur la construction des postures professionnelles. Thèse de doctorat inédite, Université Paris Ouest La Défense, Paris.

MOIRAUD, J., RODET, J. (2011), « Tutorat et/ou accompagnement…”, présentation au Regroupement national e-formation, ESEN – 12 octobre 2011, Disponible ici

MULIN, T. (2014), « Posture Professionnelle » dans JORRO, A. (2014), Dictionnaire des concepts de la professionnalisation, De Boeck Supérieur. pp. 213–216

PAUL, M. (2004), L’accompagnement, une posture professionnelle spécifique ? Paris: L’Harmattan.

POYER, F., NISSEN, E., SOUBRIE, T. (2017), Interagir et apprendre en ligne, UGA Editions.

SALVI, I et al. (2017), Guide de la posture d’accompagnement du formateur, de la formatrice APP, Disponible ici

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