Attention, concentration, émotion : une recette de l’engagement en synchrone
Comment animer efficacement des moments synchrones (classes virtuelles ou présentielles) dans le cadre d’une formation basée sur le Digital Learning ?
Par Gaëlle Féchant-Garnier – Le 10 novembre 2022
Comment animer efficacement des moments synchrones (classes virtuelles ou présentielles) dans le cadre d’une formation basée sur le Digital Learning ? Gaëlle Féchant-Garnier, Directrice de l’offre et de la pédagogie chez Unow, et Philippe Lacroix, Expert en Digital Learning et co-fondateur du cabinet ILDI, reviennent dans cet article sur les ingrédients indispensables pour susciter l’engagement des apprenants en synchrone.
Cet article est issu du contenu de la Masterclass ”Les tendances du Digital Learning” animée par Gaëlle Féchant-Garnier et Philippe Lacroix.
Connaître les mécanismes d’apprentissage et leurs limites
Apprendre passe par des mécanismes naturels :
d’attention ;
de motivation ;
de mémorisation ;
de décision.
Mais aussi par des particularités individuelles :
préférences de chacun ;
pentes naturelles (biais cognitifs) ;
automatismes…
L’important, c’est de ne pas jouer à un jeu de dupes lors de la mise en situation pédagogique des apprenantes et des apprenants. Il ne viendrait à l’idée de personne d’essayer de faire rentrer 1,5L d’eau dans une bouteille qui a une contenance d’un litre. Il faut donc prendre en compte les limites rencontrées par notre cerveau lors du processus d’apprentissage.
On voit quelquefois des programmes pédagogiques qui essaient de caser en une journée de formation des notions qui prennent plutôt 3 ou 4 jours à être assimilées ; ou encore des programmes digitaux qui essaient de faire tenir en une heure de classe virtuelle un cours qui aurait pris trois ou quatre heures en physique. La solution n’est pas de supprimer les pauses pour gagner du temps !
À lire aussi : L’engagement en formation
Attention, réflexion, mémorisation : focus sur 3 mécanismes d’apprentissages
Quand on parle d’apprentissage, on pense souvent à la capacité de mémorisation, et on a tendance à penser qu’il faut se concentrer uniquement sur cette capacité à mémoriser. Mais elle ne va pas sans deux autres mécanismes : l’attention et la réflexion.
Ces 3 capacités mentales ont des limites qui apparaissent quand on essaie de les mobiliser trop longtemps :
Tous les formateurs et formatrices ont vécu ces moments où la classe se disperse, n’écoute plus, où des petits groupes se mettent à discuter entre eux. Quand la capacité d’attention est dépassée, on se disperse.
Une autre situation courante : dans le cadre du travail, on est en train de compléter une tâche, mais au bout d’un moment on n’arrive plus à avancer, on bloque. Et ça peut créer du stress, parce qu’on a atteint sa limite, on ne peut plus mobiliser sa réflexion comme on le souhaite.
Quand on dépasse sa capacité de mémorisation, on peut se souvenir d’une nouvelle chose, mais c’est souvent aux dépens d’un autre élément qui sera oublié.
Comment mobiliser la capacité d’attention des apprenants lors d’une formation ?
Les capacités d’attention sont différentes selon chaque individu, mais suivent en général un schéma commun. En moyenne, la capacité d’attention sur un même sujet est de 10 à 15 minutes.
Au début de la formation, il y a en général un ice-breaker, un ressort technique qui capte l’attention du groupe. Ensuite, une fois que l’apprenant•e a compris le sujet et le format, l’attention suit une courbe descendante — même quand on est particulièrement motivé par le sujet.
En tant que formatrice ou formateur, il faut savoir que l’attention va suivre cette courbe. Attention à ne pas tirer sur la corde ; il faut savoir repérer le moment où la capacité d’attention est trop faible pour que la formation soit profitable et utile à tout le monde.
C’est le moment pour vous de changer de rythme, de marquer une pause :
faire un exercice,
former des groupes,
proposer un temps de questions/réponses..
Cette cassure de rythme, cette petite respiration d’une minute suffira à reconstituer la réserve d’attention et permet d’initier un nouveau cycle de 10 à 20 minutes.
Les formatrices et formateurs chevronnés en ont l’habitude en présentiel, et ne se rendent même plus compte qu’ils le font automatiquement. Mais quand le temps de formation synchrone est à distance, il faut être plus attentif à cet effet, car il est plus difficile d’observer les participant•es et de repérer le moment de creux. Il faut alors anticiper ce moment où les capacités cognitives sont au plus bas et l’intégrer dans son timing.
Bonnes pratiques pour ménager l’attention en Digital Learning
✅ Si la classe virtuelle dépasse une heure, prévoyez une pause à environ ⅓ du temps. Au milieu, c’est trop tard : les gens attendent la pause.
✅ Si le sujet est un peu rébarbatif, mieux vaut prévenir en amont les participant•es et leur expliquer le plan de la formation et les moments où vous aurez besoin de toute leur attention.
À lire aussi : La posture du formateur
L’émotion pour regagner l’attention
Il y a un outil pour pallier la baisse d’attention, qui est bien connu des formatrices et formateurs expérimentés : provoquer l’émotion.
Cela passe en général par un décalage, un effet de surprise :
regarder plus les participant•es dans les yeux ;
s’arrêter de parler, s’arrêter de présenter, voire claquer la porte ;
changer de ton (chuchoter par exemple, ou s’exclamer) ;
changer de registre de langage : utiliser une expression familière ou au contraire très soutenue ;
mettre en place un challenge, une compétition ou une récompense…
Les émotions envoient un signal au cerveau : ce qui est en train de se passer est important, et laissent une trace plus importante et plus durable. Cela recrée un pic d’attention.
Dans une journée, on peut utiliser seulement 2 ou 3 jokers de ce type. Ce n’est pas une recette magique, et ça ne marche que si on l’utilise peu.
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