Former avec l’IA : une nouvelle manière d’accompagner les collaborateurs

L’IA ne fait pas que bouleverser les outils des responsables formation : elle transforme en profondeur leur posture et leur mission.
Jusqu’ici, le rôle des équipes formation consistait essentiellement à concevoir, planifier et suivre les dispositifs. Mais avec l’installation des intelligences artificielles génératives, une nouvelle dynamique a émergée : celle d’un accompagnement plus fluide, plus individualisé, plus autonome.

Lors du Printemps de la Formation 2025, Pierre Monclos (Unow) et Loïc Jourdain (Simbel) ont partagé un constat clair : l’IA devient un copilote de l’apprentissage, capable de soulager les responsables formation sur les tâches opérationnelles, tout en renforçant la qualité de l’expérience côté apprenants.

Mais pour que cela fonctionne, encore faut-il penser le bon équilibre entre humain et technologie. Comment l’IA peut-elle accompagner sans isoler ? Personnaliser sans déshumaniser ? Automatiser sans déresponsabiliser ?

Dans cet article, nous revenons sur les enseignements du webinaire pour comprendre comment l’IA réinvente l’accompagnement des collaborateurs… sans jamais remplacer l’humain.

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L’IA comme copilote de l’apprenant

Et si se former devenait aussi naturel que poser une question à un assistant ? C’est précisément l’un des usages les plus prometteurs de l’intelligence artificielle générative en formation. Grâce aux agents conversationnels, copilotes ou autres chatbots intelligents, l’apprenant n’est plus seul face à un module ou une vidéo : il peut interagir, poser des questions, s’entraîner, obtenir un retour immédiat.

Cette forme d’accompagnement permanent, sans délai ni contrainte horaire, change radicalement l’expérience d’apprentissage. L’IA devient un point d’appui mobilisable à tout moment : après une réunion difficile, en préparation d’un entretien, ou simplement pour mieux comprendre un concept. Elle peut proposer des ressources, reformuler un contenu mal compris, suggérer une méthode adaptée à une problématique concrète.

L’IA permet à chacun d’avoir un assistant personnel d’apprentissage. Elle ne remplace pas le formateur, mais elle rend l’apprenant plus autonome et actif dans sa progression, Loïc Jourdain

Ce changement de posture est fondamental : l’apprenant ne subit plus la formation, il la pilote. Il devient acteur de ses progrès, dans une logique de just-in-time learning, où l’IA joue un rôle de guide plutôt que de prescripteur. Et cela répond à un besoin croissant des collaborateurs, qui recherchent plus de flexibilité, de personnalisation et d’interactivité dans leur montée en compétences.

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Du sur-mesure pour toutes et tous

L’un des apports majeurs de l’IA en formation, c’est sa capacité à personnaliser l’expérience d’apprentissage à grande échelle. Là où les parcours traditionnels s’adressent souvent à un groupe homogène, les agents IA permettent d’adapter le contenu, le rythme et le niveau d’accompagnement à chaque apprenant.

Concrètement, cela signifie que deux personnes suivant le même module n’auront pas nécessairement la même expérience. L’une pourra approfondir certains points, l’autre revoir les bases. L’une préférera l’écrit, l’autre l’oral. Et l’agent IA peut s’ajuster en temps réel à ces préférences.

On parle beaucoup d’adaptive learning, mais jusqu’ici, c’était souvent limité. Avec l’IA générative, on change d’échelle : on peut vraiment construire des réponses individualisées, à la volée, Pierre Monclos

Cette personnalisation ne se limite pas au contenu pédagogique. Elle concerne aussi la posture de l’accompagnement : certains auront besoin d’un cadre rassurant, d’autres d’un challenge stimulant. Certains voudront aller vite, d’autres prendre leur temps.

Ce sur-mesure ne remplace pas l’ingénierie pédagogique, mais il l’enrichit considérablement. En permettant à chaque collaborateur d’évoluer à son rythme et selon ses besoins, on favorise l’engagement, l’appropriation des savoirs et la rétention à long terme.

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Le rôle du formateur et des RH dans l’intégration de ces outils

L’intégration de l’IA dans les dispositifs d’apprentissage ne signifie pas la disparition du formateur ou du responsable formation. Au contraire, leur rôle devient plus stratégique que jamais. Car si l’agent conversationnel peut guider, relancer, reformuler… il ne remplacera pas la relation humaine, la capacité à créer du lien, à comprendre un contexte ou à lever un blocage émotionnel.

Les formateurs deviennent des concepteurs d’expériences et des facilitateurs de parcours. Leur mission évolue : ils ne sont plus les uniques détenteurs du savoir, mais les orchestrateurs d’un environnement d’apprentissage intelligent, riche, hybride. Cela suppose de nouvelles compétences : savoir concevoir des interactions avec une IA, interpréter les retours, accompagner l’apprenant dans l’usage de ces outils.

Il faut être capable d’aider l’apprenant à tirer parti de l’IA, sans tomber dans la dépendance ni l’idéalisation, Pierre Monclos

Côté RH et responsables formation, l’enjeu est de poser un cadre d’usage clair, de sensibiliser les équipes à l’éthique de ces outils, et surtout de former les managers et les formateurs à leurs nouveaux rôles. Car ce sont eux qui feront la différence entre une IA bien intégrée et une IA gadget.

Les entreprises qui anticipent cette transformation culturelle seront celles qui réussiront à faire de l’IA un vrai levier de développement des compétences, au service de la performance et de l’engagement.

Conseils pour accompagner le changement

Intégrer l’IA dans les pratiques de formation ne se fait pas du jour au lendemain. Cela suppose une montée en compétence progressive, un accompagnement du changement bien pensé, et une posture d’expérimentation.

Voici quelques bonnes pratiques évoquées lors du webinaire pour faciliter l’adoption des outils IA dans les dispositifs pédagogiques :

• Commencer petit : inutile de revoir tout un parcours d’un coup. Il est souvent plus efficace d’introduire un agent IA sur un seul module ou sur une thématique précise (prise de parole, gestion des conflits, onboarding…).

• Identifier les bons cas d’usage : l’IA conversationnelle est particulièrement pertinente pour des situations où l’apprenant a besoin de s’entraîner, de réfléchir ou de structurer sa pensée. À l’inverse, elle sera moins utile pour des formations purement réglementaires.

• Sensibiliser les apprenants : il est important d’expliquer clairement le rôle de l’agent IA. Ce n’est pas un juge, ni un coach humain. C’est un outil d’entraînement, bienveillant, disponible, sans pression.

• Former les formateurs et les managers : ce sont eux qui donnent du sens à l’utilisation de l’IA. Ils doivent savoir interpréter les retours, guider les apprenants, adapter leur posture.

Enfin, il est essentiel de garder une approche itérative. Tester, observer, ajuster. L’IA en formation n’est pas un produit figé, c’est un levier vivant, qui s’affine avec l’usage, les retours des apprenants et l’évolution des outils.

Vous l’aurez compris, l’IA ne remplace ni l’humain, ni la pédagogie. Mais elle transforme en profondeur la façon dont on accompagne les collaborateurs.

Elle permet de personnaliser sans complexifier. De s’exercer sans être jugé. De recevoir du feedback sans attendre un formateur. 

En combinant la puissance des agents IA à l’intelligence humaine, les entreprises peuvent proposer des dispositifs à la fois plus engageants, plus justes, et plus efficaces.