Apprentissage : ce qui change en 2025 pour les entreprises
Depuis le début de l’année, une série de réformes modifie en profondeur les règles du jeu autour de l’apprentissage.
Par Magali Mezerette – Le 5 août 2025
Depuis le début de l’année, une série de réformes modifie en profondeur les règles du jeu autour de l’apprentissage. Financement, aides à l’embauche, participation des employeurs, traitement du digital : les évolutions sont nombreuses et structurantes. Voici les points clés à retenir pour adapter vos recrutements en alternance.
Des aides à l’embauche revues à la baisse
L’aide exceptionnelle à l’embauche d’alternants, instaurée durant la crise sanitaire, est désormais restreinte. Depuis le 1er janvier 2025, elle ne s’applique plus qu’aux contrats d’apprentissage. Les contrats de professionnalisation sont donc exclus du dispositif.
Pour les entreprises de moins de 250 salariés, une aide dite « unique » est versée pour l’embauche d’un apprenti préparant un diplôme de niveau inférieur ou égal au bac. Elle s’élève à 5 000 € pour la première année, et peut atteindre 6 000 € si l’apprenti est en situation de handicap. Cette aide est codifiée dans le Code du travail.
Dans les autres cas (entreprises de plus de 250 salariés, ou embauche d’un apprenti post-bac), on parle d’aide exceptionnelle. Elle est fixée à 2 000 € la première année pour les grandes entreprises, et à 5 000 € pour les moins de 250 salariés. Elle est temporaire, fondée sur un décret en vigueur jusqu’au 31 décembre 2025. En cas de résiliation du contrat avant son terme, l’aide est calculée au prorata temporis et peut être récupérée.
« Avant, on avait une aide de 6 000 € quasiment pour tout le monde. Aujourd’hui, c’est au mieux 5 000 €, et parfois seulement 2 000 € » — Sabrina Dougados, avocate associée Littler France
À noter : entre le 1er janvier et le 24 février 2025, aucun texte ne couvrait ces aides. Les contrats signés pendant cette période ne sont donc pas éligibles au versement.
Une exonération de charges amoindrie
Jusqu’à récemment, la rémunération des apprentis bénéficiait d’un régime d’exonération très favorable. Ce n’est plus le cas depuis le 1er mars 2025. Les salaires des apprentis sont désormais soumis :
aux cotisations salariales sur la part dépassant 79 % du SMIC
à la CSG/CRDS sur la part dépassant 50 % du SMIC
Ce changement alourdit le coût total d’un apprenti pour l’employeur, en particulier pour les niveaux de rémunération les plus élevés.
Une participation financière obligatoire pour les niveaux Bac +2 et plus
Une nouveauté majeure est attendue à compter du 1er juillet 2025 : les employeurs devront participer financièrement au coût de la formation pour les apprentis préparant un diplôme de niveau 6 ou supérieur (licence, master…).
Concrètement, cette participation obligatoire sera fixée à 750 € par contrat, à verser au centre de formation. Elle s’appliquera uniquement aux contrats signés à partir du 1er juillet, sous réserve de la publication du décret attendu.
Cette somme viendra en déduction du niveau de prise en charge (NPEC) financé par l’OPCO. Le CFA sera donc tenu de facturer ces 750 € à l’entreprise. À défaut, il ne pourra pas percevoir le solde de financement par l’OPCO en fin de parcours. Ce mécanisme s’impose aux CFA, ce qui implique un ajustement administratif non négligeable.
À lire aussi : CPF, FSE+, plan OPCO… état des lieux des financements disponibles
Des formations digitales pénalisées
Autre mesure d’impact : à partir de juillet, le niveau de prise en charge par l’OPCO pourra être minoré de 20 % pour les formations proposées à plus de 80 % à distance. Cette modulation concerne toutes les formations par apprentissage, quel que soit le type de distanciel (synchrone ou asynchrone). Là encore, le décret d’application est attendu.
Cette disposition vise à réduire le financement des parcours 100 % distanciels, en considérant qu’ils mobilisent potentiellement moins de ressources pédagogiques. Mais elle risque de fragiliser les CFA qui ont fait le choix du digital, notamment dans l’enseignement supérieur.
Une réforme de fond du financement à l’horizon 2026
Au-delà de ces mesures immédiates, une réforme structurelle du financement de l’apprentissage est engagée. L’objectif est de réduire drastiquement le nombre de niveaux de prise en charge (NPEC), aujourd’hui estimé à plus de 800 000. À terme, un niveau pivot par certification devrait être établi, avec une capacité de modulation de ± 20 % par les branches professionnelles, en fonction de leurs besoins métiers.
Le ministère vise une simplification radicale du système, avec un plafonnement des niveaux de prise en charge à 12 000 € pour les niveaux 6 et 7. Cette logique, encore en phase de déploiement, devrait prendre pleinement effet en 2026. Ce sont les formations du supérieur et les parcours digitaux qui en subissent le plus les effets.
Ce que cela implique pour les entreprises
Pour les recruteurs d’alternants, ces évolutions supposent de revoir à la fois les arbitrages budgétaires et les pratiques administratives. Les coûts sont en hausse, les aides en baisse, et les règles plus complexes. Il devient indispensable de bien anticiper :
le calendrier de signature des contrats
le niveau de diplôme visé
le format pédagogique de la formation
les conditions de financement OPCO en vigueur
Pour aller plus loin
Accompagner un alternant ne s’improvise pas. Face à des règles qui se complexifient et à des attentes de plus en plus fortes en matière de qualité d’accompagnement, il est essentiel de professionnaliser le rôle de tuteur.
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